Artistes

Charlotte Barry : née en 1988 à Châteauroux, vit à Nantes, travaille à Nantes.

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Filer la ligne

Filer la ligne, 2023le Grand Guit - Bonus, Nantes

Tissage

Tissage, 2023Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

Etreintes

Etreintes, 2023Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

Broderie n°9

Broderie n°9, 2023Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

Station

Station, 2021Le Groupe La Poste, Nantes

Sculptures Portatives

Sculptures Portatives, 2019Le Lieu Unique, Nantes

Certains l’aiment chaud

Certains l’aiment chaud, 2017La Porcherie, Ménétreux-Le-Pitois

Décadence

Décadence, 2017Vue de l'atelier, Nantes

Avoir la ligne

Avoir la ligne, 2017Pol'n, Nantes

Horizon

Horizon, 2017L'Atelier, Nantes

Sans titre

Sans titre, 2016L'Atelier, Nantes

Rétro planning

Rétro planning, 2017L'Atelier, Nantes

Les Broderies

Les Broderies, 2016POLLEN, Monflanquin

Les Ronds d’or

Les Ronds d’or, 2016POLLEN, Monflanquin

Wall drawing

Wall drawing, 2016Dulcie Galerie, Nantes

Aumonières

Aumonières, 2011Vue de l'atelier

Fragments

Fragments, 2016 Dulcie Galerie, Nantes

Hybrides et wall drawing

Hybrides et wall drawing, 2015Lieu-Commun, Toulouse

L’insecte

L’insecte, 2014Atelier MilleFeuilles, Nantes

Extension

Extension, 2013Atelier Alain Lebras, Nantes

Tension Molle

Tension Molle, 2012Vue de l'atelier, Nantes

Mousse 2 en 1

Mousse 2 en 1, 2011 Owen Gallery, Marfa (Texas, USA)

Peintures-Objets

Peintures-Objets, 2010Vue de l'atelier, Pau

Expositions personnelles

2023

  • «Filer la ligne», Le Grand Huit - Bonus, Nantes
  • «Sur le fil», Centre culturel Le Volume, Vern-sur-Seiche

2019

  • «SCULPTURES PORTATIVES», Le Lieu Unique, Nantes

Expositions collectives

2023

  • «Petit Marché de l’Art», Galerie Le Rayon Vert, Nantes (A VENIR)
  • «Les oies sauvages», Le Grand Huit - Bonus, Nantes (A VENIR)

2022

  • «DE VISU», Exposition artdelivery des lauréat-es du Prix des arts visuels, Beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, Nantes
  • «Sapin Sapine, Exposition / vente de Noël», Bonus, Nantes

2021

  • «Exposition oeuvres d'art & pièces uniques, 287 m2, 32 artistes», Groupe Chessé X Galerie Sabrina Lucas
  • «Cueillir des étoiles», (Nouvelles acquisitions de la collection artdelivery), Beaux-arts de Nantes Saint-Nazaire, Nantes

2017

  • «SHELTERS», Collectif LaMontagne, LaVallée, Bruxelles
  • «CERTAINS L’AIMENT CHAUD», La Porcherie, Lieu d’art contemporain, Ménétreux Le Pitois
  • «Garder le Cap», Galerie Delaunay, Paris 4
  • «État des lieux», Maison Rose, Collectif OPEN IT, Nantes
  • «Entre-Deux», Pol’n, Nantes
  • «Réveille-moi», Lauréats du prix des Arts Visuels de la Ville de Nantes, L’Atelier, Nantes

2016

  • «Artistes en résidence», POLLEN, Monflanquin
  • «DDessin (16)», Atelier Richelieu, Paris 2
  • «Faire l'indicible», Dulcie Galerie, Nantes

2015

  • «La ligne noire», Festival Graphéine, Lieu Commun, Toulouse
  • «Triennale Internationale de Dessin», Tallinn, Estonie

2014

  • «Sonitus perteget, silentium malleis», Mille Feuilles, Nantes

2013

  • «Invitée pour POST GODS, LAST POST de David Michael Clarke», Galerie RDV, Nantes
  • «Clou 9», L’Atelier, Nantes
  • «La Matière - Pli», Atelier Alain Le Bras, Nantes

2012

  • «Participation à Passages de Thibault Conan», La-Beau d’Architecture, Nantes

2011

  • «Ailleurs, si j’y suis?», Dulcie Galerie, Nantes
  • «Rough out», Owen Gallery, Marfa, Texas, USA

Résidences

2021 / 2024

  • «Lauréate aux Ateliers d’artistes de Bonus», Nantes

2020

  • «Résidente aux Ateliers d’artistes de Bonus», Nantes

2016

  • «Artistes en résidence», POLLEN, Monflanquin

2011

  • «Projection d’étude», Marfa, Texas, USA

Bourses, prix, aides

2017

  • Aide à la Création par la Région des Pays de La Loire

2015

  • Lauréate du Prix des Arts Visuels de la ville de Nantes

Collections publiques, acquisitions

2020

  • Artothèque, Nantes

Commandes, 1% artistiques

2021

  • STATION (installation éphémère), Galerie Sabrina Lucas, Commande du groupe La Poste, Nantes

Workshops, enseignement

2023

  • Module d’expression artistique, Pôle MLDS, Lycée Joubert-Maillard, Ancenis

2022

  • Femmes en mouvement, Boudoir, Trempo, (avec l’Espace Agnès Varda et les 5Ponts), Nantes

2021

  • Bulles et..., Boudoir (Atelier textile), Trempo, (avec l’Espace Agnès Varda et les 5Ponts), Nantes

2028 / 2019

  • Plasticien au collège, Collège Berlioz, Nantes (plan départemental d’éducation artistique et culturelle)

Janvier-Mai 2015

  • Atelier Jeux mouvants, IME Les Barbussières, St Hilaire de Chaléons (avec le FRAC Pays de la Loire)

Écoles, formations

2012

  • DNSEP ESBA Nantes Métropole

2010

  • DNAP (félicitations du jury) - ESAP Pau

Autres

2017

  • MPVite

2015

  • Galerie UN-SPACED, Paris
  • Collaboration, Réseaux d’Artistes en Pays de la Loire

Les expérimentations, dimensions variables

Investie dans des problématiques de maîtrise des espaces et des matières souples, Charlotte Barry ne cesse de générer des formes. Elle expérimente le geste et développe des modes de création intuitifs. Sa production de dessins et de sculptures s’appuie sur un répertoire de formes très riche et non orienté. Elle conserve modérément les influences picturales qui ont guidé ses premières explorations artistiques. Le travail de Charlotte Barry va au-delà et traverse de nombreux entre-deux plastiques, toujours animé par cette volonté d’interpeller le processus gestuel par l’accumulation et la répétition. Tissus, papiers, fibres, film étirable, plastique, mousse extrudée, médium, … La substance molle est contractée, remplie, tordue, tressée, étirée, tendue, écrasée, modelée, … L’artiste manipule les variations de matière dans une constante expérimentation morphologique jusqu’à épuisement physique et plastique.
Le mécanisme établit s’articule autour d’un discours relatif aux formes. Charlotte Barry vient piocher dans son inventaire à la recherche d’une matière associée au geste adéquat. C’est par cette indexation qu’elle fonde sa maîtrise de la construction spatiale.
En arrivant aux limites de la création, elle laisse à ses œuvres la possibilité de la surprendre à chaque manipulation. Son processus de production est contrôlé, technique et calibré, de l’ordre de l’expérience artistique, mais une part de « risque » est laissée à la matière première. Le dernier équilibre peut ainsi fonder une toute nouvelle forme dans la façon dont il se positionne, dont il tient, dont il persiste, toujours à la limite d’une chute ou d’un point de rupture.
L’artiste instaure une atmosphère sensible forte autour de ses pièces. Il en émane une envie de toucher irrépressible. Ses œuvres ont quelque chose de l’ordre du sublime. Elles nous transportent sur le fil, sans cesse dans l’instabilité, dans le presque et le peu de choses. Charlotte Barry joue avec nos aptitudes sensorielles, notre imagination et elle déclenche notre mémoire collective du ressenti. Elle appréhende d’ailleurs de manière très personnelle les reliefs de ses dessins composés par la répétition de motifs sur la feuille. Elle aime raconter l’effet que produisent les milliers de points sous les doigts.
La frustration tactile n’est jamais loin, mais elle fait partie de ce mécanisme d’interaction développé par l’artiste.
Son obsession pour le geste automatique de la répétition est toujours contrôlée pour rester dans la composition. La concentration des points et les itérations de motifs génèrent des effets magnétiques saisissants sur le papier. Les possibilités de points de vue proposées dans les dessins de Charlotte Barry frôlent bientôt l’infini et s’épuisent l’instant d’après dans une réaction de mouvements qui apparaît soudain.
Elle connaît sa feuille blanche et les espaces qui s’y croisent, les limites de ses formes, les masses et les vides sont alors instinctifs et équilibrés.
Ses dessins sont systématiquement traités en noir et blanc. Récemment, elle a décidé de tester la couleur, les assemblages générés sont appelés, Les hybrides. Tantôt partie du corps humain, figure animale, forme biologique ou bactérie, tantôt prolifération, mouvement microscopique, forme organique ou organisation végétale. L’artiste aime travailler des notions d’échelles, du cosmos à la cellule, créant ainsi ses chimères évolutives.
Aujourd’hui, Charlotte Barry est dans une dynamique de recherche et de développement de la sérialité. Emblèmes d’une démarche artistique en perpétuelle recherche de perspectives plastiques, les formes intuitives de Charlotte Barry n’ont pas fini d’explorer des espaces habités par des phénomènes répétitifs en constante expansion.

Léo Bioret

Fragment d’une conversation

Un couple entre dans une galerie

« On voit s’esquisser quelque chose qui ressemble à une silhouette de montagnes, ou à des ondulations1 ; on pense aussi à un sentiment fugace qui se perd parmi tant d’autres, constamment sollicité-e-s par des messages et appels comme nous le sommes très souvent au jour le jour, tu vois ? Est-ce qu’à travers les œuvres brodées de Charlotte Barry nous pouvons apercevoir notre propre paysage intérieur défiler dans le tracé de ces points, si soigneusement et systématiquement introduits, guidés par l’aiguille qui voyage à travers la surface souple de la toile ?

– Il va falloir trancher : s’agit-il d’une vue intérieure ou d’une fenêtre vers l’extérieur ? Un paysage montagneux ou un autoportrait ? Veux-tu dire que ça pourrait être les deux en même temps ?

Bon, réfléchissons un peu : que signifie le fait de dessiner à l’aide d’un fil ? Nous pourrions citer par exemple le point de croix, ou encore le tricot ou encore le crochet. Ça me rappelle des souvenirs d’enfance, quand je me posais dans la cour de récré pour tisser des bracelets d’amitié que j’accrochais au genou de mon jean troué, ça fait un bout de temps, maintenant… Et ensuite, il y a l’artiste américaine Lenore Tawney qui travaillait avec des textiles, en développant une technique de tissage ouvert qui faisait gondoler le support : force et fragilité à la fois. Agnes Martin, qui dessinait elle aussi des lignes, mais en peinture, était une amie intime de Tawney pendant ces années à New York quand l’expressionnisme abstrait prônait une masculinité toxique. Ces deux femmes, avec d’autres acteurs et actrices de la scène ont cultivé un microcosme foisonnant qui a fleuri discrètement dans l’ombre d’artistes de renom et qui ont rapidement reçu l’approbation du marché de l’art.2

– Je me demande si nous ne sommes pas en train de perdre le fil, là.

Et alors ? Que risquons nous en se promenant un peu dans l’histoire de l’art ? Après tout, ne sommes-nous pas venus ici pour flâner ensemble parmi ces formes, assumant le risque que représente l’errance ? Il me semble que c’est François Rouan qui a dit que la peinture commence précisément là où on l’on perd le fil.

– Ah mais tu évoques encore un nom de peintre — c’est pour dire que c’est de la peinture que nous voyons là ? Alors là nous ouvrons carrément la boîte de Pandore.
– Tu tergiverses, on dirait.

Je dirais qu’il serait dommage de repartir d’une expo sans se poser de question, autant pour l’artiste que pour le spectateur. Être en relation avec une œuvre, c’est la questionner. Par exemple, as-tu remarqué comment cette série donne envie de se rapprocher ? On se demande s’il s’agit d’une sérigraphie ou d’un dessin. Ainsi, le spectateur se retrouve à devoir s’approcher afin d’élucider le mystère.

– C’est à dire que tu penses que ça n’est ni l’un ni l’autre ?
Viens on continue ; il y a vraiment pas mal de choses qui se passent ici. Le langage est minimal, restreint. Les

matériaux sont multiples, plutôt naturels : il y a de la toile de jute, de la laine, du papier, du bois…

– parfois avec de l’acier et du plastique

C’est juste. Je me souviens de ces œuvres réalisées in-situ, comme cette série de wall-drawings ou bien cette installation éphémère3 réalisée pour La Poste pendant le Covid. L’artiste dit à ce propos : « Le rythme et la tension des lignes provoquent une vibration. L’installation modifie notre perception, interroge notre point de vue et invite au déplacement. » Sans la présence du spectateur, ces œuvres tendent à perdre leur raison d’être. Ainsi, cette présence devient un élément clé pour ces pièces en particulier. Elles sont vraiment pensées pour être vécues.

– et puis le temps est important aussi, sans doute ?

En effet. Il y a plusieurs séries assez directement liées au temps ; elles rassemblent et mettent en relation des moments à priori complètement distincts. Dans ces séries, le temps est ce qui permet que chaque tracé de ligne se dessine et se déplie petit à petit, nous pouvons suivre son parcours dans un moment méditatif de réflexion.

– Comme se regarder dans un miroir ?

Je pense que c’est plutôt comme si le temps s’arrêtait ; un moment où nous nous plongeons dans un instant de réflexion malgré le monde qui tourne autour de nous à pleine vitesse ; comme si nous pouvions arrêter la machine pour accéder à des sensations nouvelles. Une sorte de parenthèse sensible. Et si les vibrations que l’artiste mentionne pouvaient en effet déclencher une réaction à l’intérieur du spectateur à travers une combinaison de couleurs, de mouvements, et des relations établies entre les formes ?

– Bon, j’ai l’impression que tu me fais le résumé d’un film de science fiction

Plutôt un labyrinthe ?

– (…)

Ou un monde d’entre-deux ! Comme dans le titre de cette série : « Entre-deux ». C’est un état de transition, comme ces deux formes qui se fondent l’une dans l’autre : elles s’entrecroisent et deviennent quelque chose de nouveau — un être hybride. La rencontre flotte sur un champ fluo, dans une intensité de glissement vers…

– Moi je me demande si ces formes ne sont pas plutôt en train de se séparer, en fait.

Hmm, je dirais que ça fait partie de ce flottement, cette incertitude. Comme avec le titre, ‘Filer la ligne’, c’est ouvert à interprétation, non ? Filer la ligne, ça sonne un peu comme une phrase qui me serait venue dans un rêve et dont j’ai oublié le sens, mais que j’ai très envie de retrouver. Je passe tout le rêve comme ça, à chercher, à essayer de retrouver le sens caché de ces mots. Un tracé qui revient sur soi, se reprend, comme dans la broderie.

– Celle-ci me fait presque penser à des peintures de Mondrian que j’ai vues récemment.

Pourquoi pas, mais je ne suis pas certaine que son idée moderniste de ‘relations pures’ s’applique vraiment à la pratique de Charlotte Barry. Le métier à tisser contre le mur, par exemple, qui peut évoquer un sommier, mobilier du sommeil. Nous sommes sur le territoire de l’intime, de la domesticité. Ces formes minimalistes et multiples cherchent à nous faire ressentir plutôt que de parler d’elles-mêmes, elles déconstruisent l’abstraction, pour ainsi dire. Et puis, peut-être encore à chercher la transcendance, si nous nous référons au titre de cette pièce de 2017, Horizon.

L’instabilité immanente de certaines œuvres nous rappelle que la plupart des objets et des situations sont prises dans un processus d’évolution incessant. Des peintures deviennent des sculptures, des sculptures deviennent des objets déclencheurs de mouvement, et des objets du quotidien peuvent se délester de leur poids émotionnel pour devenir plus légers, plus souples, plus poétiques. La mutabilité donne également un sentiment d’espoir, comme si en suivant ce fil, comme Ariane, nous pouvions sortir du labyrinthe. Et puis au-delà des murs…

– se trouverait ce verre de vin que j’attends de boire avec toi ! Après tout, elle se mettra en couple avec Dionysos, n’est-ce pas ? Enfin, ta métaphore me semble un peu bancale. On y va ? »

Le couple sort de la galerie, main dans la main.

 

Cynthia Gonzalez-Bréart

1 « Canevas », 2023
2 Voir PEIFFER, Prudence « The Slip : The New York City Street That Changed American Art Forever”, 2023 (Harper) 3 Station, (2021)

Le Petit Marché de l’Art #31

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