L’Ermite Céleste, 2020

Pierre-Alexandre Remy

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Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron
Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron
Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron
Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron
Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron
Pierre-Alexandre Remy, «L’Ermite Céleste», 2020, photographie : philippe piron

L’Ermite Céleste, 2020

acier laqué 350 × 550 × 1200 cm Abbaye Royale de Fontevraud, cloître du restaurant de l'Abbaye Fontevraud l'Abbaye sur une invitation de Emmanuel Morin, directeur artistique et Thibaut Ruggeri, chef du Restaurant commissariat Emmanuel Morin

Résidence de l'Ermite

L’Ermite Céleste

Lorsque je rencontrais Thibaut Ruggeri, chef étoilé du restaurant, un jour de février 2020, celui-ci me conta l’histoire d’un ermite qui vivrait dans la forêt entourant l’abbaye, et qu’il aurait rencontré fortuitement, lors d’un de ses jogging quotidiens. Avec lui il travaillerait depuis à l’élaboration de sa cuisine lunaire, utilisant différents éléments cueillis ici et là par celui-ci pour composer sa carte renouvellée à chaque nouvelle lune.

D’où vient cet ermite, un ancien prisonnier de l’abbaye, un descendant d’Arbrissel, un jardinier de l’abbaye, Thibaut ne l’aurait jamais su….

Interpelé par cet humeur fantastique habitant le lieu, je me mis en quête de rencontrer à mon tour cet ermite.

Je partis donc le lendemain marcher autour de l’abbaye, sur les hauteurs, dans la forêt escarpée entourant l’enceinte du lieu. Après plusieurs jours de marche, je retrouvais les traces de 12 chemins arpentés correspondant à une année complète de glanage botanique lunaire.

Je ne retrouvais pas l’ermite, mais peu à peu je finis par endosser ses oripeaux, m’identifiant à lui, à son rythme contemplatif dans ce paysage merveilleux.

Je décidais de retranscrire scrupuleusement sur la carte au 1/2500eme, ces 12 boucles qui allaient devenir les 12 matrices de la sculpture que je composais pour le cloître.

Mises en forme selon le souvenir du paysage parcouru, très encaissé par moment, très vallonné, et parfois plat selon que je sois passé par les chemins creux cachés de la forêt ou ayant traversé les landes et clairières.

Marchant dans les traces de l’ermite et suivant les pas lunaires de Thibaut, j’apportais tout au long de l’année une grappe de boucle dessinées par l’ermite céleste .

A son terme, la sculpture prit corps sur toute la surface du jardin du cloître dessinant une révolution fantasmée au dessus du lit de sauges.

Il est rare de développer une sculpture sur une durée aussi importante, où la notion de développement dans le temps est à l’origine de sa conception, une sculpture proche d’une écriture et d’une lecture cinématographique, celle-ci se développant au regard du spectateur-mangeur dans un travelling immobile .

2020 fut une année particulière, et pour moi elle aura aussi été celle des trimestres ermites…

Commençant l’élaboration de ce projets aux premiers frimats de l’année, je terminais de composer les dernières lignes d’acier lunaires début décembre.

L’ermite céleste se déploie désormais en son entier et donne à voir aux personnes venues manger ici l’ensemble des ses marches fontevristes.

Accompagant la sculpture du cloître, j’ai dessiné des volutes d’acier émaillé venant coiffer le bécher utilisé par Thibaut pour servir un élixir de sauges à la fin du repas…

Instantané de la réaction chimique issue de cette décoction, l’ermite rêve ses paysages traversés.

Le mélange des genres artistiques, l’alchimie culinaire avec Thibaut fut d’une grande richesse, l’ensemble sculptural de l’emite, se déployant dans le cloître, les vitrines de l’I-Bar, ou sur un contenant de verre, en est le témoignage.