L’air profond des choses immobiles se compose d’une sculpture posée à même le sol et d’une photographie la représentant dans son contexte d’exposition en dialogue avec quatre dessins issus de la série ZONE. La sculpture principale se présente comme une modélisation graphique d’une forêt écrasée par une architecture qui rappelle celle d’un forum coupé en deux par une frontière transparente. L’ensemble se déploie sur un territoire de sable qui laisse supposer qu’il peut encore s’étendre. En comparant la sculpture à sa représentation sous forme photographique, on remarque qu’une tâche constituée de pigments jaunes s’est répandue sous l’architecture miniaturisée. Ce qui semble avoir été figé par l’image continue pourtant de muter. L’air profond des choses immobiles s’inspire de la situation de la forêt de Bialowieza. La singularité de ce patrimoine végétal réside dans sa double identité. D’un côté, la Pologne libéralise l’abattage des arbres pour des raisons économiques ; de l’autre, la Biélorussie y favorise le tourisme afin d’appuyer sa dimension culturelle et idéologique. Si aujourd’hui ces deux autorités politiques semblent pouvoir encadrer le devenir de Bialowieza, quels impacts auront véritablement leurs directives respectives sur le long terme ? Mêlant le rythme des lignes verticales des bâtons en balsa et leur profusion dans l’espace, on comprend que la forêt est ici montrée comme un organisme autonome qui évolue dans une temporalité propre. Seul le forum semble capable de contraindre la forêt sous son propre poids. Pour autant, la tension qui s’opère entre les différentes forces ne donne l’avantage à aucune d’entre elles. Toutes sont soumises au même combat entre précarité et résistance.
Jezy Knez

Jezy Knez, «L'air profond des choses immobiles», 2017, balsa, carton, verre synthétique, pigment, sable, impression sur bâche, photographie : Jezy Knez

Jezy Knez, «L'air profond des choses immobiles», 2017, balsa, carton, verre synthétique, pigment, sable, impression sur bâche, avec l'installation de Geneviève Cadieux-Langlois, photographie : Jezy Knez

Jezy Knez, «L'air profond des choses immobiles», 2017, balsa, carton, verre synthétique, pigment, sable, impression sur bâche, photographie : Jezy Knez

Jezy Knez, «L'air profond des choses immobiles», 2017, balsa, carton, verre synthétique, pigment, sable, impression sur bâche, photographie : Jezy Knez
L’air profond des choses immobiles, 2017
volume : 35x110x180cm, photographie : 160x260cm maison de la Biélorussie Varsovie sur une invitation de galerie Fontaine présentée dans le cadre de l'exposition collective Area outside, ed. 1 suite à une résidence de recherche dans la forêt polonaise et biélorusse de Bialowieza