Artistes
Claire Hannicq : born 1984 in Auxerre, lives and works in Saint-Nazaire.
La Grotte, 2018Saint-Nazaire
Croisés, 2018Petite galerie d'art sonore, Nantes
Solo exhibitions
2021
- «L'étoile dans la caverne (Duo avec Clément Richem)», La Lune en Parachute, Épinal
- «Nos doigts tissent un lien solide», Galerie Les deux portes, Besançon
2020
- «Des Crépuscules (Duo avec Clément Richem)», Centre d'Art Contemporain La Synagogue de Delme
- «Écran Soleil Sombre», Capsule Galerie, Rennes
2019
- «Lové», Millefeuilles, Nantes
2018
- «Le Tain et l’Éclat», Petite galerie d'art sonore, Nantes
2016
- «Oeils», Tour des cordeliers, Besançon
2015
- «Le dévoilement», Toshiba House, Besançon
2014
- «The Far Side», Galerie My Monkey, Nancy
2013
- «Cycles», Galerie Grafik i Väst, Götborg (SWE)
2012
- «Épuiser le métal», Galerie Engramme, Québec (CAN)
2011
- «Un grand ciel de métal poli», Galerie de l'ESAL, Épinal
- «Los Sonadores», Galerie Milpedras, La Corogne (SPA)
2008
- «Mon Paysage», Musée de l'Image, Épinal
Group exhibitions
2021
- «Transmergence #3», FRAC Alsace
2020
- «Resemblance Through Contact. Grammar of the Imprint », EKA Gallery, Tallinn (EST)
- «Resemblance Through Contact. Grammar of the Imprint », Tartu Art House, Tallinn (EST)
2019
- «Clou 12», L’atelier - Exposition des Amis du Musée des Beaux-Arts, Nantes
- «Suomi Art Fair», Collection Ergastule - Helsinki (FIN)
- «Analectes», Exposition et publication des multiples d’Ergastule - Chateau des Lumières à Lunéville
- «Brèves», Exposition collective, Atelier Alain Le Bras, Nantes
2018
- «Dans le soir elle résonne», Galerie My Monkey, Nancy
- «Vogue», Fort Villès Martin, Saint-Nazaire
2017
- «Videotown», egionale 18, Strasbourg - Commissaires : David Legrand et Skander Zouaoui
- «In the save hands of the artist », Projecktaum M54, Bâle (CH) - Commissaires : Baharak Omidfard & Ricarda Gerosa
- «Ellipse», Église Notre-Dame, Besançon
- «Ergastule joue à la Chapelle», Chapelle Saint Quirin, Sélestat
- «Supermarket, Independant Art Fair», Kulturhuset, Stockhölm (SWE)
- «Profondeur des échelles, glissement sous le chant du monde», Galerie nomade XS+
2016
- «Stamm Tisch», Salon Résonance, Strasbourg
- «Eigengrau», Galerie Poirel, Nancy
- «Sacre Bleu», Ergastule à l’Église des Trinitaires, Metz
- «Le Pavillon des sources», Ateliers ouverts, commissaire : François Génot
- «Loin des yeux», Centre d’art contemporain Optica, Montréal (CAN) - Commissaire : Claire Moeder
- «Pan», Tour des Cordeliers, Besançon
- «Arthotèque Nomade», Synagogue de Delme, Delme (57)
2015
- «Veiller aux interstices», Artothèque de Strasbourg - Commissaire : Anne-Sophie Miclot
- «Aller-retour / Going Places», Salon Mondial, Bâle (CH)
- «Déviation 4», Musée du temps, Besançon
- «Nyctalope», Arts Factory, Paris
2014
- «Flumen», Kunsthalle Mulhouse - Commissaire : Alice Marquaille
2013
- «Richterskala», Syndicat Potentiel, Strasbourg
- «Regionale 14», Kunsthaus L6, Freiburg (D) - Commissaire : Samuel Dangel
- «Résidence croisée », Hôtel de ville, Strasbourg
- «Amazing Amasie», Forum de l’Hotel de ville, Saint-Louis
Grants, awards
2021
- Bourse d'Excellence - DRAC Grand Est
- Aide à l'installation d'Atelier - DRAC Grand Est
2019
- Aide à la Création - DRAC Pays de la Loire
2017
- Aide au projet artistique - Région Pays de la Loire
2015
- Aide à la création - DRAC Franche-Comté
2014
- Bourse à l’international - Institut Français et Ville de Strasbourg
Publications, broadcasts
2021
- «Talweg - La distance», Pétrole édition
2020
- «Monstruosa», Monstruosa Édition
2016
- «Eigengrau», My Monkey
2015
- «Je t'aime moi non plus», Publication de résidence, Ergastule, Nancy
Public and private collections
2019
- Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon - Revêt / Série de 11 marqueteries
2016
- Artothèque de Strasbourg - De la Destruction - Guerre / Gravure taille douce
2014
- Göteborg konst - Göteborg (SWE) - The far side / Impression laser
2013
- Médiathèque André Malraux - Strasbourg - Strata / Lithographie
- Musée de l’image - Épinal - Sillons / Gravure taille-douce
2012
- Collection Plus vite - Lorraine - Vacille / Etain et photographie
2011
- Musée de l’image - Épinal - Jungle et Grotte / Sérigraphies
2008
- Musée de l’image - Épinal - Paysage / Photographie sur dibond
Workshops, teaching
2017
- Workshop Infini Paysage, FRAC Franche-Comté
Depuis 2017
- Enseignante en volume à l'École d'Art de la Roche-sur-Yon
Education, training
2010
- DNSEP à la HEAR Strasbourg
2008
- DNAT à l'ESAL Épinal
Entre obscurité et révélation
« De la grotte on voit sans être vu, ainsi d’une manière paradoxale le trou noir est une vue sur l’univers », écrit Gaston Bachelard dans La terre et les rêveries du repos. Ces mots pourraient être une entrée en matière pour saisir les enjeux de la démarche de Claire Hannicq, dont les installations et recherches activent des procédés de révélation du visible.
Citons, en lien direct avec Bachelard, La Grotte (2018), pour laquelle c’est le visiteur qui révèle la paroi rupestre de son propre corps pris dans le faisceau lumineux de la vidéo-projection. De même, pour L’étoile dans la caverne (2017), il s’agissait, pour des acteurs-spectateurs, de faire pénétrer la lumière au cœur de l’obscurité de la grotte, grâce à des miroirs jouant de la réverbération du soleil. Serait-ce un lointain écho au mythe si bien connu, par lequel Platon pointait du doigt la machinerie des illusions artistiques nous détournant de la vérité ? Il faut sans doute saisir une manière de déjouer le fameux mythe, car là où Platon opère par coupe conceptuelle, il s’agit ici d’expérimenter les potentiels d’un regard, quand la lumière se dépose dans l’obscurité et finit par s’y fondre. Les reflets sont bien présents, mais ils deviennent l’objet-même de la visibilité.
On pense au processus de révélation de l’image photographique, à la chambre noire, aux bains de fixation, à la mise au jour miraculeuse de l’apparition. Mais la technique devient jeu et la photographie se déplace, comme dans La nuit, l’aube (2017), œuvre en laine naturelle tissée dont le canevas a été teint en noir puis exposé au soleil pendant huit semaines jusqu’à ce qu’une image finisse par émerger de la nuit, grâce à la brûlure de la lumière. L’image photographique revient à sa nature cendrée, murmurée ; à peine éblouie qu’elle retourne déjà à son obscurité initiale.
Une manière similaire de procéder s’observe dans les sculptures de l’artiste, dont le geste prend en considération constante la masse qui prédestine la forme. En effet, Les Disparaissants (projet en cours depuis 2014), met en scène sur un site internet la mémoire archivée d’un objet de plomb en mutation, mais dont la masse reste identique. Mémoire et récit potentiel, tels sont les axes privilégiés.
Ainsi, pour La Geste, des mains réalisées en cire noire construisent un langage des signes en création continue. La main faisant de nouveaux signes est réalisée à partir de la même masse de cire que les précédents. Dès lors, la sculpture porte en elle une charge, une mémoire des signes, une expérience mentale de surimpression et d’accumulation de strates de temps. Le récit s’élabore sur la perte, mais par la trace photographique. Voilà comment le langage se développe : le récit crée des traces.
Le travail de Claire Hannicq pourrait avoir quelque chose de baroque, au sens historique et architectural du terme, si l’on pense aux espaces pliés les uns dans les autres et aux trompe l’œil que l’artiste confectionne en marqueterie avec virtuosité (mentionnons par exemple des cordages) ; mais aussi aux drapés, aux tombés, aux plis, qui habitent ces multiples dévoilements.
L’artiste a ces mots : « les marqueteries, faussement tactiles, abordent l’idée de surface d’une manière directe, mais elles sont aussi le reflet d’une histoire intime en ce que des armes sommeillent sous les drapés ». Le travail de l’artiste consiste précisément dans une pluralité d’approches, et un usage des techniques (comme nous l’avons vu marqueteries, mais aussi le bronze, le verre, l’émail sur cuivre…) par lesquelles le langage s’incarne, élabore sa structure progressivement, dans une temporalité qui peut être étirée. L’oubli, alors, s’épaissit, se recouvre de profondeur.
Léa Bismuth
Léa Bismuth est critique d’art et commissaire d’exposition, basée à Paris.
L’arbre qui cache la forêt
(…) Il y a une forme d’alchimie intuitive dans les œuvres présentes dans cet atelier, renforcée par une idée d’un geste tenu secret, presque disparu d’entre les murs pour celui qui y chercherait des indices de ce qui s’est passé. L’alchimie relève du choix des matières premières de Claire Hannicq : des matériaux naturels ou bruts à fort coefficient symbolique tel que le bois ou le plomb, sont manipulés et modifiés peu à peu par la suite. Cependant, la matérialité d’origine ne persiste pas longtemps et la forme concrète devient résidus sous forme de cendres, fumée ou image.
L’artiste mène l’objet à travers plusieurs étapes de transformation : le plomb est travaillé en une forme qui est photographiée puis détruite pour être ensuite remodelé, photographié à nouveau et cela répété à l’envi pour composer une série d’images qui n’aura qu’une existence virtuelle (visible sur un site internet lesdisparaissants.com). Le bois lui est détruit à petit feu : la branche est carbonisée puis grattée, puis carbonisée à nouveau jusqu’à ce que la matière devienne trop rare (Burn, Burn, Burn). Dans ces deux projets Claire Hannicq répète un geste pour mener l’objet à une sorte de perte. Son geste est à la fois assumé et flottant : ni entièrement iconoclaste car marqué par un attachement à l’objet, ni complètement nostalgique car le processus est documenté et n’est pas effacé. Quelque part, le long du processus un paradoxe apparait et ne le quitte plus.
Son atelier d’apparence neutre est en fait rempli de vifs contrastes. Chacune des créations est marquée par des contradictions entre l’ombre et la lumière, la matérialité et l’image virtuelle, la permanence et la disparition. Si Claire Hannicq joue timidement avec le feu, elle joue volontiers avec le paradoxe. Il n’est pas une équation simple, fait d’opposition entre deux termes, car ici les images sont nombreuses. Les images de l’artiste vivent emboitées, superposées, combinées. Si une image apparait sur un mur ou une table, il est très probable qu’elle en cache plusieurs autres, tapies dans l’ombre, camouflées. Claire Hannicq ajoute ou supprime des strates de réel, fait surgir des images fortes qu’elle ne laisse jamais telles quelles : dans l’atelier les projections et impressions sont toujours plus complexes qu’elles ne paraissent et sèment le doute sur ce que l’on voit. En quittant l’atelier, la première impression ne sera plus jamais la bonne là où l’image est menée au delà de sa première apparition.
Claire Moeder
Claire Moeder est auteure et commissaire d'exposition, basée au Canada.
« Comme c'est bien de vivre dans le feu ! »
Marina Tsvetaeva
Dans le jardin, on a plié les herbes hautes pour dessiner un chemin. Plus loin, les branches sont à moitié calcinées, griffues encore, bien nouées les unes avec les autres. On marche toujours pieds nus dans les jardins et c’est là qu’on s’arrête devant les cendres.
On a creusé un trou dans le sol pour contenir les flammes. C’était hier, c’était pendant la nuit. Maintenant les cendres ne brûlent qu’au fond d’elles-mêmes, se souvenant du brasier qu’elles ont été.
Le travail de Claire Hannicq pourrait se trouver là, dans ce creux de la terre, et l’on n’aurait qu’à se pencher. Il se trouve dans un foyer. Il brûle et se consume, puis se calme, s’endort, refroidit. S’il advenait que les flammes montent trop haut, on étoufferait cela sous un tas de terre, et ce ne serait pas grave. Le foyer serait enterré, en dessous de la surface, vibrant encore sûrement de chaleur.
Bien vif ou étouffé, le foyer persiste donc ; il rassemble, concentre, diffuse.
L’image de la combustion, de ce qui brûle est là comme enveloppe au travail de Claire Hannicq : à travers ses images ou ses modules, on retrouve sans cesse cette idée du feu qui détruit branches et bois sec, qui brûle vivement, s’éteint, donne des cendres et du bois noirci qui deviendra crayon, laissant un foyer prêt pour un autre feu. Naîtra, brûlera, s’éteindra, et ainsi de suite.
C’est une histoire de renaissance, une histoire de cycles, de temps, d’épuisement.
C’est une histoire.
(…)
Le travail de Claire Hannicq se trouve là où il y a brasier, et sa pensée semble tout autant à vif, brûlante, consciente de son temps, de son époque. Il est foisonnant, car habité, comme l’on vit dans un foyer, comme l’on rassemble ce que l’on est, ce que l’on fait, dans un même lieu.
Nina Ferrer-Gleize
Nina Ferrer-Gleize est éditrice, artiste-auteure et enseignante, basée à Lyon.
7 chemin du Relais
44600 Saint-Nazaire, France
Tel. : 0678093108
clairehannicq@gmail.com
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