Est Nord Est, 2012

Marie-Johanna Cornut

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Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés
Marie-Johanna Cornut, «Est Nord Est», 2012, photographie : droits réservés

Est Nord Est, 2012

Saint Jean Port Joli, (Québec)

La pratique de Marie-Johanna Cornut érige les pôles opposés que sont la représentation et l’événement tels des miroirs se faisant face dans une mise en abyme. Tout en étant éminemment provocateur, son travail entrave volontairement toute possibilité de jeu en parodiant les règles de l’engagement de manière à mettre en évidence les rouages inefficaces de communautés ou de groupes de visiteurs donnés.
Par l’intermédiaire d’une série de repères visuels reconnaissables, ses oeuvres suggèrent un scénario improbable dans lequel les directives officielles et les comportements normatifs sont trafiqués de manière à entraver toute tentative de participation.
Les oeuvres de Cornut mettent ainsi en place les éléments et les conditions d’une célébration rituelle en pièces détachées, dans l’attente d’un éventuel assemblage impossible. Elles créent un champ d’inaction où des sculptures impotentes et des installations incongrues deviennent les catalyseurs d’une réorganisation spécifique, au sein de laquelle le spectacle correspond davantage à un effondrement imminent qu’à une force de médiation. Souvent exposées dans des cadres in situ chargés, les oeuvres de Cornut occupent l’espace comme si elles montaient une protestation obstinée contre les caractéristiques mêmes de ce qui est fonctionnel, réglé, dynamique, ordonné, productif, communautaire.
Dans certains cas, elles présentent une déclinaison littérale de scénarios inopérants, par le truchement d’une série d’objets mutilés, par exemple des raquettes de tennis ou des javelots inutilisables, représentant des copies dysfonctionnelles d’accessoires ou d’outils.
Dans d’autres cas, elles mettent en scène une expérience de gestaltisme : une sorte d’exercice visant à combler les vides. Présentées dans un décor théâtral, ces bribes d’un tout lacunaire ou déconstruit sont l’indice d’un objet hypothétique ou incomplet qui aurait dû faire sa pleine apparition en scène.
Dans l’ensemble, les oeuvres de Cornut requièrent un travail acharné et se consomment rapidement, à l’image d’une fête qui prend une éternité à préparer, mais qui ne dure qu’un court lapse de temps. Elles offrent un reflet des états d’inattention et de célébration de plus en plus précaires qui caractérisent notre vision de l’art.
Stéphanie Bertrand, 2012
Commissaire indépendante