“Pionnières”, une huile sur toile en trois panneaux, de 150x150cm (2023).
Ce tableau a été réalisé en décembre 2023. L’eau et ses reflets y sont autant le berceau d’un paysage naturel ou symbolique, que l’initiateur d’une gestation picturale débridée. Il y a un ensauvagement des éléments figurés, des formes et des couleurs et l’on touche davantage au plaisir tactile et gustatif de la touche. C’est elle qui fait force d’ensemencement et de prolifération. Outre la composition en trois panneaux, qui s’attache à produire une fragmentation du champ et un affleurement temporel, ce tableau joue d’un état anamorphique de la peinture, où le foisonnement de reflets et de matières en surface ne contrevient pas au surgissement d’une profondeur. Les trois pans du tableau sont comme les multiples lits d’une rivière, qui par leur ruissellement produisent des zones humides foisonnantes de biodiversité.
Cette peinture est issue d’un ensemble que je développe depuis le printemps 2023 sur le motif des marais. L’eau en est le fil conducteur, élément-écosystème alimentant un faisceau d’expérimentations picturales, de questionnements bio-écologiques et de concepts issus de la philosophie du vivant. Ce projet, intitulé “Humides”, a été soutenu à ce jour par l’ADAGP (dotation de recherche obtenue en 2024), par la DRAC des pays de la Loire (AIC en 2025) et par plusieurs centres d’arts en Pays de la Loire (expositions en 2025 à la galerie du Rayon Vert, à l’Abbaye de Saint-Florent-le-vieil et au MAT d’Ancenis). Enfin, un texte a été rédigé à son sujet par la critique d’art Éva Prouteau.
L’ensemble “Humides” s’est construit dans le territoire ligérien, par un cycle d’exploration depuis les marais vendéens jusqu’aux basses vallées angevines et par le développement de liens avec les chercheuses et chercheurs, les structures d’art ou lieux culturels qui œuvrent dans la région sur le sujet du vivant et de la biodiversité en zone humide. Il a aujourd’hui pour vocation de s’exposer au delà, et s’associer à plus large échelle aux efforts, menés notamment par la philosophie du vivant et l’esthétique environnementale (Morizot, Zhong Mengual, Husky, etc.) pour sensibiliser à la crise écologique et déconstruire notre vision anthropocentriste du monde.

