Deux vidéos de Bas Jan Ader (Fall 1 et Fall 2) cristallisent les morts par chute de mon grand-père tombé d’un toit dans les années soixante-dix, et de sa fille, ma mère, tombée dans la Seine avec son vélo à la fin des années quatre-vingt-dix. J’ignore ce qu’il y a eu avant la chute, je ne sais pas ce qui cause la chute, et je n’ai pas vu ce qui a eu lieu après la chute. C’est pour tenter d’approcher de ce vide visuel que j’entreprends mes recherches, de manière subjective et instinctive. Je construis des éléments plastiques qui viennent alimenter un récit dans lequel j’invite le public à s’immerger : j’expérimente la chute en me mettant en scène dans des vidéos, je compile puis je classe des accidents par chute que j’enregistre sur des cassettes audio, j’assemble des objets du quotidien pour créer des installations en suspens, je fais des photomontages de chutes issues de l’histoire de l’art, … Ces entrées me permettent de parler du lâcher-prise, de la peur du vide ou de se faire mal, du suspens chorégraphique de ce(ux) qui tombe(nt).
“Le soleil sort enfin, dit Camier, afin qu’on admire sa chute, à l’horizon.” Mercier et Camier, Samuel Beckett
Projet en cours mené en résidence à BLAST à Angers au mois de mars 2023.
Point d’arrêt reçoit en 2022 l’Aide individuelle à la création de la DRAC des Pays de la Loire et l’Aide au projet de création arts visuels de la région des Pays de la Loire.