Le suppression des images, 2024

Grégory Valton

1/14
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés
Grégory Valton, «Le suppression des images», 2024, photographie : droits réservés

Le suppression des images, 2024

Il y a 24 ans ma mère se donnait la mort. J’avais 24 ans à l’époque. La photographie devient alors le moyen pour moi de dépasser le traumatisme par un travail de symbolisation, « comme une exaltation de la vie dans la représentation de la mort » pour reprendre les mots de Serge Tisseron. Je n’avais pas été reconnaître le corps de ma mère. Peut-être que, de voir son visage mort, je ne serai
pas passé par toutes ces étapes. La photographie est restée profondément liée au deuil et tout ce que j’entreprenais alors était teinté de cette gravité. Par paliers successifs, on peut dire que mes travaux photographiques m’ont permis de surmonter ce traumatisme. Arrivé au bout d’un processus, j’opère aujourd’hui dans mes projets un déplacement vers le vivant, l’action, le jeu, en exacerbant un humour
mordant, mais toujours joyeux. C’est pourquoi je décide d’en finir avec la photographie.

______

Le 7 novembre 2023, sur le Bon Coin, je dépose une annonce pour faire un don de mon appareil photographique. J’ai beaucoup voyagé avec, surtout en train, mais cela est lié au décès de ma mère, survenue à la fin des années quatre-vingt-dix. Puis il y a eu la rencontre avec le photographe Klavdij Sluban, qui m’a amené à appréhender une certaine manière de penser la photographie, de la pratiquer.

Le jeudi 9 novembre 2023 à 13h, j’ai rendez-vous à la gare avec Thibaut (la personne qui possédera désormais mon appareil). J’envoie un texto et je regarde autour de moi pour savoir qui est Thibaut. Est-ce ce monsieur, ce jeune homme ou encore cette personne là-bas ?

Enfin, Thibaut arrive et je lui explique l’histoire de l’appareil. J’ai imprimé un contrat stipulant que je donne l’appareil avec une pellicule noir et blanc Tmax 3200, mais qu’en contre-partie, Thibaut doit photographier avec ce film et me le remettre le jeudi 11 avril 2024.

______

Le mercredi 27 mars 2024 à 15h30, je passe devant un jury pour obtenir un diplôme de l’École National Supérieur de la Photographie (ENSP) à Arles. Vers 16h45, le jury me fait savoir que je suis apte à faire parti de la grande famille des photographes, grâce à l’obtention avec mention de mon diplôme. En sortant, je signe un contrat avec moi-même dont l’objet est : « Pour en finir avec la photographie ».

______

Le vendredi 29 mars 2024 vers 10h, pour honorer mon contrat et comme un geste cathartique, je décide de jeter tous mes négatifs, tirages photographiques et planches-contacts à la poubelle.