Leçon d’écriture, 2012

Moridja Kitenge Banza

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Moridja Kitenge Banza, «Leçon d’écriture», 2012, photographie : droits réservés
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Leçon d’écriture, 2012

26 exercices d’écriture de l’alphabet Français sur papier polyester chacun suivi d’un mot en lingala. Montréal

Installation

Un homme qui possède le langage possède par contrecoup le monde exprimé et impliqué par ce langage. Il y a dans la possession du langage une extraordinaire puissance. «Paul Valéry»
Parler français témoigne de bonne éducation et manières dégrossies. Un homme qui te parle en français est un monsieur civilisé… Un bougre qui te crie en créole est un vieux nègre de la race mal élevée, chien-fer rosse assurément, boloko de première catégorie, malpropre à puces, scélérat à langue effilochée, bandit à cinquantequatre coutelas, coqueur roi de poulailler, capon à grands jarrets, Juda Iscariote, Belzébuth en caleçon, esprit de vin de haine…?«Gisèle Pineau, L’exil selon Julie. 1999»
En m’apprenant le français mes parents ont voulu que je possède le monde qui impliquait cette langue. Que je sois un enfant bien éduqué. Les premiers mots sortis de ma bouche étaient en français. Parler lingala à la maison était interdit.?«Lingala, une des langues parlées au Congo». Ils nous parlaient rarement en Swahili et en Kikongo.
Lors de ma résidence d’artiste à Miami, j’ai animé des ateliers d’arts au centre culturel haïtien pour des enfants venus d’Haïti dans le cadre du programme French Héritage. Ces enfants pour la plupart venant de familles aisées, venaient apprendre le français ou le perfectionner. Le but était de leur apprendre la langue du colon par le biais de l’art et de la culture.
En Haïti comme dans la plupart des pays colonisés, posséder et savoir manier la langue du colon est vu comme l’appartenance à une classe supérieure et le signe d’une bonne éducation. En travaillant avec ces enfants, je me suis revu en train d’apprendre chaque lettre de l’alphabet. De l’écriture à la prononciation. Posséder la langue du colon dès sa naissance ne pousse-t-il pas à la longue à penser comme lui? A rêver comme lui? A aimer comme lui? A réfléchir comme lui?
Répondre par oui ou non serait très facile. Mais c’est plus complexe que cela.?Dans ce travail, je mets en opposition deux des quatre langues qui m’ont construit et ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Un homme complexe. Les mots choisis sont ceux qui représentent pour moi ce qu’a été la colonisation, ces méfaits, les personnes qui l’ont combattu, etc. La perversion est telle qu’aujourd’hui j’utilise l’alphabet du colon pour retranscrire ce que je pense dans ma langue.