Artistes

Hugues Loinard

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La galerie comme geste, «White Cube»

Hugues Loinard vit et travaille à Bruxelles. Il détient un Master à l’École supérieure des Beaux-Arts de Nantes (2013). Depuis 2012 il participe à différentes expositions entre Paris, Nantes et Bruxelles et à plusieurs résidences de créations aux USA à Marfa (Texas), en Corée au Hongti Art Center à Busan, puis au Québec à AxeNéo7 en 2017 en échange avec le Lieu Unique. Sans atelier lors de ses premières interventions, il développe depuis 2015 un travail in situ en considérant littéralement la galerie comme sa matière première. L’espace d’exposition se trouve alors régulièrement transfiguré comme le résultat de ses actions. Le « white cube » est parfois découpé, détourné, retourné, parfois il se superpose à des lieux délaissés, mais toujours le relais d’une flânerie urbaine dans laquelle l’artiste puise un corpus de formes et d’idées. De 2017 à 2018 il reçoit le prix des Arts visuels de la ville de Nantes.
Le contexte récurrent de mon travail est le white cube. J’intègre comme médium ce lieu utopique etchargé de symboles qui parfois, peut faire émerger les réactions les plus passionnées. Pour moi il s’agit avant tout de la page blanche du sculpteur, d’un espace vide qui ne l’est jamais vraiment. Comme la feuille du dessinateur il peut se gratter, se déchirer, se découper. Il devient au fur et à mesure de mes interventions la matière première de l’oeuvre. Je peux l’utiliser comme la terre du modeleur ou comme le marbre du sculpteur. Il n’est pas neutre et plein d’artifices. Une cimaise en plaques de plâtre, par exemple, convient très bien comme matériau principal pour la construction d’un nouveau volume Que je m’attaque aux espaces, aux questions de langage ou aux objets, le principe est le même. Il s’agit de détourner les fonctions principales de ces mêmes espaces, langages ou objets. Une chaise haute pour enfant voit ses pieds s’allonger et finis par se prendre pour une chaise d’arbitre, une paire de béquilles soudées entre elles deviennent alors un instrument handicapant… Ils sont autant d’outils dans mon travail pour parler de ma condition, pour me permettre l’auto-critique et l’auto-dérision. Ils sont des moyens de dessiner un corps maladroit, tatiesque qui peine à s’adapter à son environnement, qui s’y refuse.
Mars 2017
«Quand le vide est-il un plein ? Qu’est-ce qui, changeant tout, demeure soi-même inchangée ? Qu’est-ce qui, n’ayant ni temps ni lieu, cependant fait époque ? Qu’est-ce qui, partout est le même endroit ? Une fois portée à son accomplissement par le retrait de tout contenu manifeste, la galerie devient le degré zero de l’espace, offert à toute les mutations.»

Brian O’Doherty

À propos de la résidence d’échange entre le Lieu Unique (Nantes) et AxeNéo7 (Ottawa)

Une résidence outremer, un atelier, de la matière à construire et déconstruire, ainsi que d’innombrables combinaisons, des installations et une exposition.

Par l’entremise d’un échange de deux mois entre le Lieu unique situé à Nantes (France) et AXENÉO7 localisé à Gatineau (Canada), l’artiste français Hugues Loinard propose un amalgame de transgressions matérielles et formelles à travers des découpes ornementales parachevées et inachevées à la fois, des volumes altérés et fragmentés ou encore des pièces de mobiliers détournées de leurs utilités. Dans la logique du in situ par l’appropriation du lieu, les interventions et combinaisons se retrouvent disséminées dans l’espace de la résidence, transformé momentanément en l’atelier — le chantier — de Hugues. L’atelier d’AXENÉO7, lieu de vie et de travail, dessiné sur l’archétype du white cube, devient un espace utilisé — remanié — dans son tout. Le processus de fabrication, toujours en évolution, est de toute part exhibé. En effet, des éléments usuels et résiduels ponctuent la travée d’objets en gypse auxquels l’artiste
infère toutes qualités pratiques pour d’autres esthétiques et de surcroit plastiques. Il use ainsi de différents repères afin d’itérer et réactualiser des formes — fioritures — à partir d’objets diversifiés glanés dans les rues et de détails architecturaux photographiés çà et là, d’un pays à un autre. Au moyen d’une multitude de techniques pragmatiques, il intervient à même la matière en découpant ou en façonnant les formes.

 

Jean-Michel Quirion, Juin 2018