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Exposition personnelle
Michel Dector
Galerie Laurent Godin, Paris
21.01.24 — 09.03.24
Vernissage le dimanche 21 janvier 2024 de 14h à 19h
Sans titre, décembre 2023
Toujours, le plus difficile est de commencer. Une fois la voie ouverte, on suit un chemin, sans pour autant qu’il soit tout tracé ni rectiligne.
Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire.
- Réduire la palette des possibles
- Déléguer, délester
- Ne pas trop penser
Mettons que notre point de départ se situe « entre la lune et l’herbe », pour simplifier les choses.
À moins qu’il ne s’agisse de notre point de chute, et que l’on avance à rebours.
Mettons que vous vous tenez droit debout face à une série de draps (re)dressés sous vos yeux, au centre desquels sont inscrits moult motifs plus ou moins identifiables et compréhensibles, auréolés de couleurs diverses — et pas si variées — qui viennent les révéler par la bande.
Le trait apparaît en négatif par retrait (scotch) et ajout (bombe) de matière.
Est-ce encore du dessin ? Est-ce déjà de la peinture ? Les deux sans doute.
À moins que ce ne soit ni l’un ni l’autre…
Ce qui est certain c’est l’existence d’une mise en tension et/ou en abîme à prise multiple :
entre dessin et peinture donc ;
mais encore :
entre figuration et abstraction
entre horizontalité et verticalité
entre droite et oblique
entre cosmique et terrien
entre enfance et âge adulte
entre corps et espace
entre plein et vide
entre détermination et indétermination
entre libertés et contraintes
entre contours flous et cadre strict
entre présence et absence
entre signature et disparition de l’auteur
entre immatérialité et matérialité
entre numérique et analogique.
Le soir, au clair des néons de l’atelier, le doigt caresse l’écran lisse et froid du smartphone, produisant un dessin délibérément maladroit, automatiquement corrigé par la machine et son « intelligence », piégée. Des notes graphiques qui pour certaines se verront ensuite couchées sur de grands draps de lin ou de coton de seconde main.
Loin des nouvelles technologies, l’impression se fait quasi rupestre, primitive. L’échelle, agrandie, devient humaine, incarnée.
Toiles de « fond d’éternité » autant que surfaces fantomatiques sur lesquelles surgissent et s’animent formes géométriques, créatures hybrides, bulles sans texte, labyrinthes déguisés, opérations absurdes, chiffres en croix, légères idioties, mains négatives, etc. comme autant de personnages ambigus.
Je préfèrerais ne pas définir outre mesure ce que vous voyez. Voyez-y ce que vous voudrez.
Mais il semble incontournable en revanche de pointer la grâce avec laquelle la peinture, pulvérisée de biais, en douce, se dépose aléatoirement, faisant apparaître chaque pli et repli, coin et recoin du support tel un terrain accidenté, chargé d’histoires.
Des vies minuscules apparaissent entre les lignes. Récits abstraits, ouverts à tous vents, menant partout et partant de nulle part. Seul·e compte la trajectoire, le cheminement, pas à pas, à tâtons, remontant le temps au fil de l’obscurité de la grotte ou du trou noir.
À quoi bon remuer ciel et terre pour tout connaître, tout comprendre, tout (sa)voir ?
Tant que la tête est sur les épaules et que les pieds touchent le sol, tout est possible et imaginable, pourvu que ça tienne debout et que ça échappe. Tout simplement.
Anne-Lou Vicente
Adresse
Galerie Laurent Godin
36 bis Rue Eugène Oudiné
75013 Paris