La Maison de Papier, 2019

Charlie Chine

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Charlie Chine, «La Maison de papier», 2019, Les Glacières, Bordeau
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Ppaier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Galcières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux
Charlie Chine, «La Maison de Papier», 2019, Les Glacières, Bordeaux

La Maison de Papier, 2019

Les glacières Bordeaux commissariat Éléonore Gros

Les aiguilles se montrent autoritaires : 19h. Elles sonnent le commencement de l’écriture du journal des « Chroniques du Réel », projet expérimental mis en place depuis le mois de mai qui offre aux participants la liberté de raconter leur propre réalité tous les dimanches entre 19h et 19h05 à travers la rédaction « d’un rapport dactylographié descriptif et subjectif des personnes et des comportements ». Cette substance littéraire deviendra le carburant de LA MAISON DE PAPIER mais également la matière première essentielle à sa réalisation formelle. L’artiste nous propose ici la deuxième version de cette installation immersive.

C’est donc à l’heure de cette suspension temporelle que LA MAISON DE PAPIER prend forme alors que la secrétaire à la robe rouge s’installe à son poste et débute le recopiage des Chroniques sur sa machine à écrire. Révélant son appareillage tout bruyant et brinquebalant dans les entrelacs de sa chaîne de production infernale, cette sorte de Machine célibataire assigne une fonction précise à chacun des outils qui se positionnent les uns derrière les autres sous son ventre relâché. L’archivage peut démarrer et les allers-retours se multiplient frénétiquement entre les différents médias. Parmi les sons qui résonnent de manière cyclique, l’Homme agit tel l’Outil parfait, attentif et silencieux. Il apparaît ici comme l’instrument fétiche de la machine faisant lien entre les appareils et se pliant au rythme du concerto qui se joue devant lui.

Au bout de la chaîne de production, la CIBI oscille entre transmission et réception tandis que son antenne nous guide vers le Salon de lecture. Parcourant du bout des doigts les pages légèrement jaunies, la lecture des éditions des « Chroniques du Réel » se déroule dans un espace au mobilier familier et rassurant. Au loin, surplombant la reconstitution d’un atelier, une vidéo de type INA témoigne des gestes du travail.

Prototype ‘performé’ pendant une semaine de 35h, l’Atelier de la fabrication de la brique démontre d’un savoir-faire artisanal unique. Blouses blanches et gants à l’appui, les mouvements exécutés convoquent une mise en place millimétrée des outils et obligent à une circulation des corps calculée jusqu’à l’entreposage du produit fini. Le Laboratoire du Geste fait apparaître les briques de papier empilées par séries et dans l’attente d’être expérimentées. Une heure d’épuisement formel à l’intérieur de cette semaine de 35h de travail a permis de révéler tout un répertoire de gestes. En bout de parcours, Le Show Room de LA MAISON DE PAPIER offre un univers d’échantillonnage et de poésie,

entre monstration de prototypes de briques, agencements domestiques en élévation et dessins radiographiques aux formes à la géométrie compulsive.

Avec les « Chroniques du Réel » et LA MAISON DE PAPIER, Charlie se pose ici en archéologue du présent et entend donner la parole à l’(extra)ordinaire d’un dimanche soir.

Éléonore Gros Commissaire d’exposition