Explosition, 2004

Vincent Mauger

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Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM
Vincent Mauger, «Explosition», 2004, photographie : VM

Explosition, 2004

Pollen Monflanquin commissariat Denis Driffort et l'association Pollen

Exposition de fin de résidence présentée à Pollen.

L’espace de la galerie, dont le sol est recouvert de carton, contient des caisses défoncées et empilées. Ces différentes boîtes accidentées représentent sous forme de maquettes l’espace dans lequel elles viennent s’inscrire.

Présentation par Didier Arnaudet

D’habitude, il se contente de ne pas être là, de ne pas déranger. Il laisse volontiers sa place. Il adopte une neutralité nécessaire pour ne pas venir distraire de ses péripéties l’expérience et la compréhension de ce qui l’occupe et lui signifie sa banalité. Bien trop impersonnel pour éveiller l’attention du regard, il se résume donc à la gestion discrète de contraintes, de fatalités géométriques, utilitaires. D’habitude, il n’échappe pas à cette activité d’observation désengagée et conserve pour lui ses informations, ses impressions, son pouvoir d’affabulation. Se profile du coup, décourageante, l’impasse où s’annule toute investigation qui vise à étendre le domaine de son visible. Se perd la chance de poser la question de son origine, d’accéder à l’intérieur de son silence, de percer les apparences de son écran.

Mais là, il ne se prive pas de proposer des pistes, de les faire arpenter en tous sens et de ménager une tension entre unité et multiplicité, homogénéité et hétérogénéité, pleins et déliés, ruptures et ligatures. Il convoque un discours spécifique, une obstination à se nommer, à signifier son existence, sa permanence mais aussi à susciter des métamorphoses, des histoires et des images. Mais là, il cherche à faire coïncider son propos et sa fonction. Il est à la fois l’acteur et le spectateur de sa mise en scène. Il résulte d’une création organique, d’une durée vivante ou d’une invitation à inventer de la présence. Son champ de forces, lié à la possibilité de rêver, c’est-à-dire de s’extraire du carcan pragmatique, ouvre à une aventure sensible dans laquelle s’appréhende, évolue, se développe un ensemble indéfini de craintes, de désirs, de révélations et de vertiges.

Il ressemble à la page blanche. Il a la capacité d’apparaître et de s’effacer, de solliciter une écriture active ou dérobée et de signer l’absence, le souvenir de sa résonance. Sa lecture oblige à lâcher les méthodes habituelles. Elle demande une mobilité, une invention, une vigilance aussi pour éclairer, contrer, capturer la propagation du réel dans l’imaginaire. Il se représente, se miniaturise, se plie, se déplie, s’explore, se consume dans une ultime vibration, se ranime dans une ardeur oubliée, se dépasse dans des conditions minimales d’existence, se mobilise dans des situations premières, des situations d’urgence, se simplifie, se féconde, s’engage en son vide, sa vacance, s’organise dans ses moindres détails, se revendique rouage dans des rouages.

Il commence et se recommence sans cesse. Il se déploie mais dans une reprise incessante. Il se noue et se dénoue, se froisse et se défroisse, se rassemble et se disperse dans la respiration instantanée d’un élan qui s’achève pour mieux renaître. Le recommencement constitue une indéfinissable nouvelle tentative, après d’autres infructueuses mais indispensables. Il se figure et se défigure, se pense et se dépense dans la répétition, le retour des choses sur elles-mêmes et la fin qui se répète en devenir à l’infini. Il refuse de se clore, repousse la finalisation des propositions pour prolonger sans fin leur addition.