Impulsions

Annie-Laurie Le Ravalec

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Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés
Annie-Laurie Le Ravalec, «Impulsions», photographie : droits réservés

Impulsions

Offertes sous le signe d’une certaine ambiguïté, les œuvres d’Annie-Laurie Le Ravalec oscillent depuis leur apparition entre attirance et répulsion, désir de possession et retrait. Ce pouvoir d’indécision qu’elles suscitent s’inscrit magistralement dans notre époque qui voit depuis quelques années le retour intempestif du corps sur la scène artistique. Comme si les «années d’hiver» évoquées par le philosophe Félix Guattari s’estompaient peu à peu.
(…) L’attitude ici ne déroge pas à ce destin des œuvres peu soucieuses des principes d’édification et de pérennité régissant un certain art du passé. Les matériaux sont retenus pour leur flexibilité, ils ne se dotent pas d’un caractère immuable, ils semblent voués à des transformations toujours prévisibles. Difficilement qualifiables ou nommables, les formes qui s’offrent à nous semblent défier l’éternité du tombeau.
(…) Une dualité lancinante conduit l’œuvre d’Annie-Laurie Le Ravalec mais ne l’épuise pas. Ici, le «Féminin-masculin», le beau ou le laid, l’agréable ou le répugnant se rencontrent et se jouent des identités ou des catégories, cherchant un troisième terme qui les prolongeraient. Car l’artiste puise dans des registres qui ne supportent guère les réductions sémantiques auxquelles on veut parfois les soumettre. Ainsi telle forme phallique que l’on a cru identifier se retourne sur elle-même, telle lanière inquiétante se révèle douceur à caresser.
(…) Le mot de Duchamp «Prière de toucher» (1947) retrouve son impertinente radicalité.
(…) Ce désir de contact délibérément souhaité par l’artiste trouve une résonance particulière dans les mots de Itzhak Goldberg : «Le rapport avec le sacré hésite souvent entre l’adhérence et la distance, entre le proche et le lointain, entre le toucher et le visible.» Le sacré peut faire à la fois l’objet d’un tabou et s’incarner dans un fétiche.  L’œuvre appelle des réactivations auxquelles le corps tout entier doit pouvoir s’atteler. (…) Dans l’œuvre d’Annie-Laurie Le Ravalec, la sensualité peut se transformer en menace, l’objet littéralement peut vous glisser des mains, vous faisant perdre vos certitudes les plus acquises, composant avec tous vos sens un inconfortable mais jubilatoire «dérèglement raisonné».
Les «Prière de toucher» d’Annie-Laurie Le ravalec par Pierre Giquel (Extraits).