Le POUF, 2009

Micha Deridder

1/5
Micha Deridder, «Le POUF», 2009, photographie : Barnard Renaux
Micha Deridder, «Le POUF», 2009, photographie : Barnard Renaux
Micha Deridder, «Le POUF», 2009, photographie : Barnard Renaux
Micha Deridder, «Le POUF», 2009, photographie : Barnard Renaux
Micha Deridder, «Le POUF», 2009, photographie : Barnard Renaux

Le POUF, 2009

LAPS Nantes 

Qu’est-ce qu’un pouf ? Un accessoire pour coiffure extravagante, un lupanar mis à disposition des soldats au repos, une disparition (sans payer ce que l’on doit) mais surtout un siège sans accotoirs, créé pour offrir aux femmes du XIXe siècle, qui avaient des robes à crinoline très encombrantes, une assise plus commode. Bien plus tard, en 1968, le designer italien Sacco allait lancer cette superstar du pouf, poire aux trois quarts remplie de billes de polystyrène qui, selon le poids et la position de l?utilisateur, se répartissent de façon différente dans l?enveloppe, sculpture molle malléable en phase avec son temps – à l’heure où Claes Oldenburg dégonflait les batteries. Pouf ! C’est enfin le bruit que cette même assise émet quand nous
répondons à son invitation. La Robe POUF de Micha Derrider est sans doute traversée par toutes ces histoires, la dernière – onomatopéique – étant peut-être la plus évidente. En soi, ce vêtement est une proposition d’essayage : il se compose d’une veste de cuir vintage, de laine et de caoutchouc (des chambres à air de pneus récupérés, cousues pour recevoir un rembourrage aléatoire), le tout s’ouvrant ou se fermant à l’aide d’un zip surdimensionné. C’est un vêtement qui bouge et qui invite à bouger : on peut s’y enfouir comme dans une gangue protectrice, le déployer en longue traîne de cérémonie, s’en servir pour s’asseoir (tout simplement) ou constater — avec joie ou déplaisir — que d’autres ont pris la place, ou encore le tirer derrière soi comme un poids existentiel. Sa couleur, un dégradé de noirs, confirme son pouvoir d’absorption : par les jeux de position qu’il suggère, ce vêtement POUF génère les chorégraphies et invente un corps-sculpture qui le prolonge. Une Robe dynamique et ludique, polymorphe et expérimentale, ouverte à toutes les performances.

Eva PROUTEAU pour le cahier spécial 303 – Projets d’artistes en Pays de la Loire, photos Bernard Renoux.