NN, 2008

Gisèle Bonin

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Gisèle Bonin, «NN», 2008, photographie : droits réservés
Gisèle Bonin, «NN», 2008, photographie : droits réservés

NN, 2008

Dessin: crayon de couleur sur papier 29.7 × 21 cm

Notes de travail (suite):

Couvrir les bruits du Polychrome 121 par les voix de la radio : ce grincement interfère avec le bruit du Rouge. Les paroles du poste se posent sur le frottement, dissimulent les sons d’insecte de la mine-pic taillée à sa pointe maximale. Elle pourrait pénétrer une veine._x000D_

Alors, Rouge : veux-tu dire plus loin que toi-même ? Dévisager quelques apparences tout en baissant les yeux ? Qu’espères-tu distinguer au juste ? Un puzzle, une machination ou un dépeçage en règles d’or ? Il y a-t-il alentours un chaos que tu rêverais maîtriser ? Comptes-tu les grains de sable de ta plage sur cette feuille ? Te voilà bien démuni.  Mais vient la sédimentation…_x000D_

En toute liberté : édifier la Perte.

Je n’aime pas les papiers lisses. Je les préfère épais, granuleux : il faut qu’ils accrochent la mine, lui opposent une résistance, imposent leur marque. La virginité lisse de certaines feuilles me répugne. Ou peut-être est-ce leur silence qui m’empêche d’avancer. Un mutisme qui ne transpire aucune ossature, ne cache aucun squelette : je dois être appelée à déposer les pigments pour découvrir ce que cache la feuille. Ce qu’elle a perdu, je dois le retrouver.

Seul le Dessin permet une confrontation aussi direct entre un unique matériau et un unique support, aussi modestes l’un que l’autre. Limiter au maximum l’outil : humilité des moyens = rester léger pour compter à l’infini les Infimes…