See Venus, 2019

Sophie Keraudren-Hartenberger

1/1
Sophie Keraudren-Hartenberger, «See Venus», 2019, photographie : droits réservés

See Venus, 2019

Fusain sur papier Muséum d'Histoire Naturelle, Le voyage à Nantes Nantes Nantes Noir comme Vénus, exposition personnelle de Sophie Keraudren-Hartenberger

« Vénus

Au mur, un vaste diptyque au fusain et à la pierre noire, surface veloutée parcourue de plissements tectoniques, semble se mou- voir et s’effilocher sous nos yeux, organique et sensuel : il est réalisé d’après les images radar acquises par l’orbiteur Magellan. Sophie Keraudren-Hartenberger s’absorbe dans la matière de la planète Vénus, deuxième planète par ordre d’éloignement du Soleil, dont les montagnes sont recouvertes d’un matériau extrêmement brillant qui pourrait être de la galène, forme minérale du plomb aux propriétés ultra-réfléchissantes. Le velouté et la douceur du fusain, du carbone et de la pierre noire renvoient pourtant à une planète dont la surface est mortifère, à l’état de fusion. À nouveau, l’artiste traduit des sensations paradoxales, des changements de matière : cette planète apparaît aussi comme une boule d’écume ou un halo gazeux.

Traduire l’énigme de la planète Vénus, planète d’abord considérée comme une étoile, revient à aborder la question du leurre perceptif ; l’homme est obligé d’activer des scénarios pour combler l’absence de données, à cause de la matière très dense qui vient masquer la réalité de cette planète rocheuse et volcanique, douée d’une activité sismique violente.

Avec les moyens du dessin, l’artiste retrace les différentes étapes d’approche de cette Vénus qui résiste à l’homme : les processus d’abstraction nécessaires pour faire avancer les recherches scientifiques sont vertigineux, et déroulent des cycles évolutifs sur des millions d’années. Au passage, toute idée de mainmise de l’homme sur la nature et de quelconque contrôle se voit invalidée : dans l’infini, notre finitude devient confondante. »

Eva Prouteau