Le jardin soupiré, 2019

Charlène Guyon-Mathé

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Charlène Guyon-Mathé, «Le jardin soupiré», 2019, photographie : droits réservés
Charlène Guyon-Mathé, «Le jardin soupiré», 2019, photographie : droits réservés

Le jardin soupiré, 2019

Galerie RDV Nantes Exposition personnelle

Le jardin soupiré, c’est à la fois un jardin secret et un paysage. Ce jardin que j’ai fantasmé à la française, je vous invite à en faire le tour. Il devient ici un terrain de jeu où coexistent l’ordre et la transgression, comme pour révéler un dysfonctionnement latent. En choisissant de planter un jardin pour décor, l’espace d’exposition se retrouve découpé en allées, et c’est à travers la balade que je convie le spectateur à se créer son propre récit. Façonnés par la symbolique et la mythologie,  les jardins s’accompagnent d’un riche imaginaire collectif qui a traversé les époques.

«Le jardin soupiré», n’a de jardin que la représentation, pour autant c’est à ce titre que l’œuvre demeure hétérotopie. Inventée par Michel Foucault la notion d’hétérotopie regroupe les espaces qui hébergent des imaginaires parfaits ou illusoires… En ce sens l’espace du jardin est ici une « parcelle du monde »*, qui invite à réfléchir le monde et l’invisible… à repenser l’intime.

Cette installation, met en exergue quelques uns des éléments étranges qui peuplent mes rêves et cauchemars. Parfois, c’est justement le statut indéfini de ces éléments que j’ai choisi d’interroger au regard d’autres objets. Mes sculptures revêtent des nuances de couleur peau, que j’utilise désormais presque comme un automatisme. Ces formes matérialisent le cauchemar sous l’aspect de parasites, de prolongements de soi dont il semble difficile de se défaire. Ces objets formulent ainsi une idée de la création comme procréation.

Au centre, la fontaine fait figure d’élément clé, elle est l’âme du jardin. Forte de signification, la fontaine renvoie un aspect magique et miraculeux. Ici, elle est le berceau de l’étrange ; son eau ne miroite plus. De la vase noire s’écoule de haut en bas sans possibilité de se renouveler. A l’image d’une antithèse de la fontaine de jouvence, elle est vouée à stagner, à s’épuiser.

Avec Le jardin soupiré, j’interroge la dualité entre attraction et répulsion, maitrise et approximation, conscient et inconscient… de façon à inciter le visiteur à s’égarer.

* Michel Foucault, « Des espaces autres » (conférence au Cercle d’études architecturales, 14 mars 1967)