Sekizo, 2019

Jean-Baptiste Janisset

1/13
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés
Jean-Baptiste Janisset, «Sekizo», 2019, photographie : droits réservés

Sekizo, 2019

Résidence Palais des Paris Takasaki Solo Show, exposition en collaboration avec : L'institut Français et la Ville de Nantes

Jean-Baptiste Janisset a été sélectionné lors de la 68e édition de Jeune Création qui s’est tenue aux Beaux-Art de Paris, il est venu au printemps 2019 en résidence au « palais des paris ».

À Takasaki dans le quartier de Kurabuchi, se trouvent des petites sculptures au bord des routes, elles datent pour la plupart du 18e siècle. Qu’elles soient appelées sekizo, sekibutsu, butsuzo ou encore dosojin, nous ne connaissons pas la fonction réelle de la plupart d’entre elles. Liées au bouddhisme ou à des rites populaires, il est raconté qu’elles protègent les voyageurs des dangers des chemins tout en protégeant les habitants des dangers des voyageurs. Avec la modernisation du pays, en fonction de leur localisation, certaines sont devenues la propriété de citoyens, d’autres sont devenues publiques et acquièrent petit à petit un statut de patrimoine, mais toutes gardent encore un sentiment de dévotion relativement répandu.

Jean-Baptiste Janisset, a produit une dizaine de pièces à partir du moulage de ces sculptures du patrimoine public au statut religieux des plus flou. Qu’en est-il de la possibilité sur le plan psychologique, un artiste étranger peut-il ressentir un tel sentiment dévotionnel, peut-il y être sensible malgré les distances culturelles?

Au vingtième siècle Romain Rolland échange avec Freud au sujet d’un sentiment qu’il appelait « océanique » et qu’il pensait à la base de la religion :  » Ce sentiment, il (Romain Rolland) l’appellerait volontiers la sensation de l’éternité, il y verrait le sentiment de quelque chose d’illimité, d’infini, en un mot : d’« océanique ». » (Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation, Chap. 1)

Frédéric Weigel & Yoshiko Suto

Freud n’a jamais vécu ce sentiment océanique, il supposait que ce n’était rien d’autre qu’un phénomène psychologique, le « rétablissement du narcissisme illimité », en régressant à cette période où  » Le nourrisson ne différencie pas encore son Moi d’un monde extérieur qu’il considère comme la source des multiples sensations affluant en lui. »

La pratique de Janisset peut être considérée, soit comme le passage d’une puissance sacrée anhistorique, soit comme une forme de spéculation d’antiquaires de fétiches. Le choix d’une des deux hypothèses est relativement précaire, tout dépend si l’on croit à la position romantique de l’artiste. Néanmoins, quand l’artiste intervient sur un élément du patrimoine, il produit par son acte un dédoublement, il construit une oeuvre en miroir qui nous propose de nous interroger sur la possibilité d’un passage du sacré d’une époque à un objet d’aujourd’hui. Pour nous spectateur, tout ce qui semblait simple se complexifie alors, se dédouble, se stratifie… Malgré les siècles, Hegel semble toujours d’actualité, à faire de l’art avec du sacré, l’oeuvre devient paradoxalement objet de réflexion.