Sens dessus dessous, 2021

Alice Suret-Canale

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Alice Suret-Canale, «Sens dessus dessous», 2021, photographie : Abel Llavall-Ubach
Alice Suret-Canale, «Sens dessus dessous», 2021, photographie : Abel Llavall-Ubach
Alice Suret-Canale, «Sens dessus dessous», 2021, photographie : Abel Llavall-Ubach
Alice Suret-Canale, «Sens dessus dessous», 2021, photographie : Abel Llavall-Ubach

Sens dessus dessous, 2021

Le PRéàVIE Le Pré-Saint-Gervais

Avec les artistes : Samuel Bloch, Atelier ATE et Alice Suret-Canale

Gros pied, petits tétons, figure au grand chien et bonhommes bâtons…

Il paraît que les artistes ne font que des autoportraits. Si c’est vrai, alors il faut jongler avec ce narcissisme, ce besoin de mettre nos corps en scène, et nos tripes sur la table. L’essentiel consiste sans doute à travailler dur pour dérider ce sujet solennel et son égocentrisme ; en œuvrant avec laisser-aller et inconséquence, au hasard des trouvailles ? draps, bâches en plastique, châssis de récup et vieux cartons de saucissons… En travaillant aussi comme des ouvrier·ère·s, avec nos quarante doigts besognant quotidiennement dans les frigos, garages et longères qui sont nos ateliers au PRéàVIE depuis l’année dernière.

En fait, c’est difficile de comprendre ce qui déclenche un tableau, une sculpture, un monotype, d’où ils viennent, comment ils s’imposent : rêves, émotions, fantasmes, souvenirs, traumatismes même ? Ou bien peut-être que le sujet naît avec la pièce elle-même, quand on essaie précisément de se battre contre tous nos clichés, avec de la peinture plein les mains, et que les choses qu’on peint « commencent à paraître étranges et idiotes » (Guston). Et avec un peu de chance, en travaillant, il y a au bout d’un moment quelque chose qui se construit, alors qu’on se trouve précisément à deux doigts de l’échec : quelque chose de nouveau, différent de ce qu’on espérait, auquel on n’avait pas encore pensé. Et tout ce grand désordre se stabilise, trouve son point d’équilibre, emplit nos ateliers de frénésie, et nous pousse à passer à la suite.

Le point d’équilibre, il faut maintenant le trouver à plusieurs. Et c’est l’humain, et ses corps, physiques et sociaux, qui constitue la colonne vertébrale des pièces ‒des peintures principalement, et quelques sculptures‒ que nous avons regroupé pour cette exposition au PRéàVIE. Des corps fragmentés, déformés, comprimés dans leur cadres, que l’on a malmené et livré à l’absurde, sens dessus dessous, comme des cadavres exquis.

Alice Suret-Canale