Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars, 2013

Sophie Hurié

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Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit», 2013, Mousse de PU, colle, vis, sablage, vernis, Centre d'art de la Chapelle Jeanne d'Arc de Thouars, Thouars, photographie : Sophie Hurié/ADAGP, Paris, 2025
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés
Sophie Hurié, «Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars», 2013, photographie : droits réservés

Un autre endroit, Centre d’art de la Chapelle Jeanne d’Arc de Thouars, 2013

Thouars

Présentation de deux installations : Un autre endroit et The Village

Installation UN AUTRE ENDROIT composée de 20 volumes :

Assemblage de mousse de polyuréthanne, colle, sablage, vernis

4 volumes : 136 x 23,5 x 23,5 cm

5 volumes : 157 x 27 x 27 cm

6 volumes : 178 x 30,6 x 30,6cm

5 volumes : 199 x 34,2 x 34,2 cm

 

Sophie Hurié, Un autre endroit,

Centre d’art la Chapelle Jeanne d’Arc, Thouars,

du 1er décembre 2012 au 10 mars 2013.

Pour la première fois depuis que des artistes contemporains sont invités à porter leur regard sur l’architecture néo-gothique de la Chapelle Jeanne d’arc, c’est de l’extérieur du bâtiment dont il est question aujourd’hui. En effet, Ce sont les pinacles qui couronnaient autrefois le haut des murs extérieurs qui ont initialement retenu l’attention de Sophie Hurié. Viollet-le- Duc décrit en ces termes ces éléments symptomatiques de l’architecture gothiques dans son Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIème au XVIème siècle (1854 – 1868) Pinacle : Couronnement, «finoison», comme on disait au XIVème siècle, d’un contre-fort, d’un point d’appui vertical, plus ou moins orné et se terminant en cône ou en pyramide (…).D’abord peu développés ou en forme d’édicules, ils prennent, dès la fin du XIIème siècle une assez grande importance; puis au commencement du XIIIème siècle, ils deviennent souvent de véritables monuments. Comme tous les membres de l’architecture de ce temps, les pinacles remplissent une fonction : ils sont destinés à assurer la stabilité des points d’appui verticaux par leur poids; ils maintiennent la bascule des gargouilles et corniches supérieures; ils arrêtent le glissement des tablettes des pignons; ils servent d’attache aux balustrades; mais aussi leur silhouette toujours composée avec un art infini, contribue à donner aux édifices une élégance particulière.

A la Chapelle Jeanne d’Arc, les pinacles ont disparu et seules des photographies anciennes nous rappellent leur souvenir. C’est donc à un état ancien du bâtiment, que Sophie Hurié s’intéresse lorsqu’elle entame la recherche qui la conduit à créer vingt modules (nombre des pilastres disparus), qu’elle dispose sur le sol de la nef selon un schéma qui vient souligner la structure et le rythme de l’architecture en adoptant les emplacements des colonnes, fenêtres et autres éléments comme repères, tout en laissant néanmoins une part de hasard dans l’orientation des sculptures.

En ressuscitant les pilastres, dont Viollet-Le-Duc nous dit qu’ils étaient conçus autant pour leur utilité que pour leur aspect décoratif, Sophie Hurié pose la question de l’ornement et de son rapport à la fonction. Dans le cas de la Chapelle Jeanne d’Arc, archétype d’une architecture néo-gothique tournée vers le passé au moment de sa conception, la fonction des pinacles n’était pas essentielle puisque leur disparition n’a occasionné aucun effondrement. C’est donc la dimension factice de toutes les formes de “néo”, qui est mise en relief ici, ainsi que leur caractère éphémère relativement à l’original.

Partant du motif figuratif qui orne habituellement les pinacles, Sophie Hurié est parvenue à force d’épure à une forme simple et non décorative, dans laquelle chacun peut projeter ses propres images, depuis les alignements de Carnac jusqu’au toit du Chrysler Building. Mais ce rapport entre l’original et l’artifice s’est trouvé renforcé lorsque l’artiste a découvert qu’en langue anglaise, le mot “pinnacle” désignait des concrétions rocheuses verticales dressées depuis plus de 50 000 ans dans des déserts de l’hémisphère sud. Exceptionnelle analogie homonymique et formelle qui donne aux sculptures de Sophie Hurié une portée encore plus expressive. Patiemment assemblées par la main de l’artiste, inspirées d’éléments architecturaux factices et disparus, les sculptures évoquent des créations ancestrales et indestructibles de la nature. On ne pouvait rêver réponse plus poétique à l’invitation qui avait été faite à Sophie Hurié d’abonder ce «commentaire du commentaire» qui définit tout le projet artistique du centre d’art. Au sous-sol, Sophie Hurié reprend The Village, un projet plus ancien qui recrée au moyen de projections de lumières et de formes architecturales en carton, un village miniature que l’artiste a visité lorsqu’elle était enfant en Angleterre. Cette installation, qui questionne l’échelle et l’artifice, rappelle l’univers de la série télévisuelle hallucinée des années 1960 The Prisoner (Le Prisonnier).

Jean-Luc Dorchies