Artistes
Meg Boury
C’est fin comme du gros sel !, 2024TU-Nantes
Sim-Sala-Bim et les boniments, 2023Ateliers Bonus, Nantes
Le Trophée, 2021TNT-Terrain Neutre Théâtre, Nantes
La Laitière, 2021Zoo Galerie, Nantes
Expositions personnelles
Expositions collectives
2024-2025
- «Sur tes lèvres», FRAC des Pays de la Loire x Lieu Unique, Nantes
2024
- «Sweet Spot», Le Grand Huit, Collectif Bonus, Nantes
2023
- «Les oies sauvages», WAVE, Le Grand Huit, Collectif Bonus, Nantes
- «Célébrer», le basculeur, Revel-Tourdan
2021-2022
- «Agir dans son lieu», Transpalette, Bourges
2021
- «Outdoor is indoor», Zoo Galerie, Nantes
2019
- «Felicità», Palais des Beaux-arts, Paris
Performances
2024
- «C'est fin comme du gros sel !», TU-Nantes
- «Une Histoire de la frivolité entre marais et champs», Les SUBS, Lyon // Le lieu unique, Nantes
2023
- «Une Histoire de la frivolité entre marais et champs», Festival du Taille Vent, Plessé // Point Éphémère, Paris // TU-Nantes
- «Sim-Sala-Bim et les boniments», WAVE, biennale des arts visuels de Nantes, Ateliers Bonus
- «Les Tourterelles», le basculeur, Revel-Tourdan
2022
- «La Présentation d'Épatante», La Gaîté Lyrique, Paris
- «Une Histoire de la frivolité entre marais et champs», Ateliers Vivarium, Rennes // TU-Nantes
2021
- «Le Trophée», TNT-Terrain Neutre Théâtre, Nantes
- «La Présentation d'Épatante», Transpalette, Bourges
- «La Laitière», Zoo Galerie, Nantes
- «Les Tourterelles», Les Écritures bougées, Paris
2019
- «Western Love Story», TU-Nantes // Palais des Beaux-arts, Paris
- «La Présentation d'Épatante», TU-Nantes
Résidences
2024
- «Création en cours 8», Ateliers Médicis, Charente-Maritime
2023
- «Le Nouveau Grand Tour», Cirko Vertigo, Turin
2022
- «À VIF», Ateliers Vivarium, Rennes
2021
- «À la table», Le lieu unique, Nantes
Bourses, prix, aides
2023
- Lauréate du Prix des arts visuels de la Ville de Nantes
Publications, diffusions
2022
- «Rocking-chair #5, Célébrer», Contrepoids les éditions du basculeur
2021
- «Fieldwork Marfa Texas USA : Dix ans d'expérimentations artistiques», Éditions Janninck
2019
- «Catalogue de l'exposition Félicità», Beaux-Arts de Paris éditions, Ministère de la culture
Écoles, formations
2018
- Stage auprès de la chorégraphe Kaori Ito, Le Centquatre, Paris, CDN d’Orléans, Château de Monthelon, Montréal, France
2017
- DNAP - École des Beaux-arts de Nantes St Nazaire
- Appuis, dispositif d’accompagnement à la création scénique, TU-Nantes
2016
- Erasmus+ classe d’art performatif de Carola Dertnig, Académie des Beaux-arts de Vienne, Autriche
2014
- Baccalauréat littéraire spécialité arts plastiques, options arts plastiques et latin, Lycée Notre-Dame, Challans
Autres
2024
- Costumière de Rêve et ivresse, spectacle chorégraphié par Élise Lerat / Collectif Allogène,TU-Nantes
2023
- Costumière de Radio Cabane, pièce de théâtre écrite et mise en scène par Lucie Monziès, TU-Nantes
2021
- Costumière de Feux, spectacle chorégraphié par Élise Lerat / Collectif Allogène, TU-Nantes
Qui es-TU Meg Boury ?
Portrait écrit en juin 2023 pour le magazine de la saison 2023-24 du TU-Nantes
« Danseuse aux seins nus… Comme à la fin du Plus Grand Cabaret du Monde. » Voilà à quoi rêvait Meg Boury plus jeune. Aujourd’hui, celle qui a « un pied dans l’art contemporain et l’autre sur un plateau » ne se produit pas en primetime. Pour autant, à 27 ans, l’artiste, performeuse et plasticienne multiplie les dates, les projets, les collaborations tout en sachant constamment où donner de la tête.
La jeune femme, diplômée de l’École des Beaux-arts de Nantes en 2019 et fidèle du TU, défend aujourd’hui Une histoire de la frivolité entre marais et champs, « performance née d’un objet : une jupe de cancan que j’ai fabriqué et qui reprenait l’étendard de Jeanne d’Arc. J’ai alors imaginé un personnage que je souhaitais faire s’échapper de l’image de la pucelle pour dessiner les contours d’une femme plutôt provoquante ». Au fil de ses recherches, elle a fondé une belle famille dans laquelle se croise Mata Hari, Madonna, Salomé, princesse de Judée, et…Meg Boury. « Toutes pourraient être le même personnage et toutes pourraient être moi. Une histoire de la frivolité est à la fois transgénérationnelle, mythique, historique et réel. Tout s’imbrique ». Tout se créé et tout se transforme aussi. La performance ne puise ainsi pas sa source du côté de Wikipédia. Meg Boury s’amuse du vrai, du faux, du réel, de l’imaginaire, du mythe, des représentations. « Je parlerai davantage d’un spectacle politique que d’un spectacle engagé ; dans le sens où le corps est politique. C’est un outil pour transmettre des convictions. Alors oui, je suis féministe. La question ne se pose même pas. Tout du long du spectacle, je suis à poil à convoquer des femmes engagées. Et le style new burlesque que je défends est ma réponse face à la réappropriation du regard que des personnes peuvent poser sur notre corps. Je le tourne en dérision. Faire cela, c’est politique ».
Il est désormais loin le temps où Meg Boury se demandait ce qu’elle faisait aux Beaux-arts. « Lors d’un workshop animé par Aurélie Ferruel et Florentine Guédon – duo d’ artistes dont je suivais déjà le travail, j’ai trouvé ma recette : je ne voulais plus simplement être une bonne élève mais exprimer une individualité. À cette période, j’étais dans la performance, le corps. Je fabriquais peu de choses. Voire même pas du tout. Ce workshop m’a invité à présenter des objets et pas seulement à les représenter ».
Tout ce que vous verrez donc sur le plateau d’Une histoire de la frivolité entre marais et champs est la concrétisation du chemin de pensée arpenté par l’artiste. Son discours ne souffre d’aucune imprécision. Même le titre. « Une histoire de la frivolité est la traduction littérale du titre d’un film espagnol de 1967 qui est à la source de l’univers plastique de la performance. Entre marais et champs vient du nom de la paroisse d’à côté où je suis née : La Trinité entre marais et champs. Cela me ramène à moi, à mes origines. Mon travail porte une forte dimension intime. Je ne joue jamais de rôle. En filigrane, mon travail dit constamment d’où je viens. C’est important ».
Plus important que de savoir ce qu’elle fera plus tard. Demain, on verra.
Mais en tous les cas, aujourd’hui, maintenant, en compagnie de son club des cinq, Meg Boury s’apprête à faire tourner les têtes.
Arnaud Bénureau
On sait tout.e.s les deux que je ne suis pas ce dont tu as besoin
Le travail de Meg Boury se déploie dans trois dimensions : celle du show, celle de l’artisanat et celle de l’image.
Elle questionne la relation qu’elle entretient avec le territoire dans lequel a germé son travail : la Vendée et par extension les relations que nous entretenons avec nos territoires, leurs rituels et les mondes vernaculaires qu’ils produisent. La question posée par Meg Boury est celle de l’incorporation de nos territoires dans nos chairs. Elle a le goût du terrain, de la rencontre, des dialogues, aucun cynisme dans les formes produites. À partir de cette expérience du terrain elle développe des histoires qui deviennent des performances (Western Love Story, Le Trophée etc.) des objets de scène (Les Pointes, le tablier, le plateau etc.) ou des images (New Look etc.).
My Cotton Eyed Joe est une vidéo au ralenti de Meg Boury et Lane Shaw, un jeune rancher rencontré au Texas dont elle est tombée follement amoureuse, se préparant à poser pour une photo ensemble. Elle porte les chaps confectionnés avec soin pendant les mois avant leur rencontre et achevés après son retour des USA. Les chaps sont un vêtement de protection pour cowboy-girl partant des hanches et s’arrêtant aux chevilles, les chaps de Meg Boury sont faits de cuir de vachette et d’agneau, cuir plus facile à coudre car la peau des bébés se travaille plus facilement, chaps estampillés MBS pour Meg Boury Shaw, l’histoire d’amour qui n’a jamais eu lieu est poinçonnée une lettre après l’autre sur l’ensemble. De ça, naîtra Western Love Story, dialogue entre deux amoureux et le public. Western Love story est un enterrement de vie de jeune fille, un mariage et une nuit de noce. Meg Boury raconte son histoire avec Lane Shaw vêtue d’une chemise rose à frange, de ses chaps au-dessus d’un short en jean sous lequel on pourra trouver une culotte elle aussi frangée, d’un chapeau de cowgirl et d’une paire de santiags, ensuite Pascal Millet raconte en maraîchin — un patois vendéen — la difficulté d’être un homme homosexuel et rural, son histoire se finit bien, alors il offre à Meg Boury une demande en mariage auquel elle répond oui : fantasmant une vie qu’elle ne vivra pas. Ils entament la danse de la brioche. Le plateau arrive : deux fers à cheval croisés, une brioche est déposée dessus, il la serve au public. Meg Boury achève le show avec un strip-tease au milieu des restes de brioche. Doux amer souvenirs que je prends avec moi. Au revoir. S’il te plait ne pleure pas. On sait tous les deux que je ne suis pas ce dont tu as besoin. Je t’aimerai toujours1.
En creux, d’autres histoires d’amour nous parviennent : celle d’avec les animaux, d’avec les rituels pastoraux, d’avec les traditions et ce qu’elles ont de puissance à rassembler, à aliéner, à nous laisser tremblant.e dans la symbiose de la communauté. Dans Le Trophée Meg Boury incarne tour à tour un footballeur, une statue, elle-même, une chatte, un.e chasseu.r.se « Nous nous construisons mutuellement dans la chaire. Partenaires réciproques, dans nos différences spécifiques, nous sommes l’incarnation d’une vilaine infection développementale qui s’appelle l’amour. Cet amour tient autant de l’aberration historique que de l’héritage natureculturel »2. Meg Boury travaille autant avec les vaches vivantes qu’avec les vaches mortes. Pas d’hésitation à utiliser le cuir, ni non plus à construire une cartouchière à partir de cuir et de munitions usagées, auquel elle ajoute des munitions en céramique — fragiles, qui ne tuent pas — cartouchière qui d’ailleurs ne correspond à aucune arme à feu. Et elle pose des couronnes sur la tête des vaches, moulent leurs bouses, bouses-trophées à la gloire de leur sacrifice. Il y a plusieurs manières de lutter. La lutte de Meg Boury se situe dans le respect des animaux, des hommes et des femmes avec lesquelles elle travaille. Si elle tue, toutes les parties de la bête sont utilisées et célébrées et chaque objet est construit pour durer. Les plumes d’oiseaux sont récoltées à la main au fil des bêtes tuées par le père. Elle prend la bête morte encore chaude et retire les plumes une à une, à la fin la bête est froide et déplumée, en même temps que cet événement a lieu, un autre se prépare. Un faisan géant fait de tissus et recouvert d’une multitude de facettes va être intégralement recouvert de silicone pour y intégrer les plumes. Pendant Le Trophée, le faisan se transforme en boule à facettes : animal natureculturel. Elle tente de dire quelque chose de la réciprocité de la domestication des animaux. Incarnant une chatte et une chasseuse, alors même qu’elle porte des ailes d’oiseaux — les chattes à l’instar des êtres humains tuent volontiers des oiseaux, les chasseurs tirent sur de petites sarcelles en échange de sacs de plâtre — fabriquées par elle, à sa mesure. Meg Boury dit — avec les façons d’une présentatrice TV, d’une chauffeuse de salle, d’un DJ de mariage — la confusion de nos chairs et de nos histoires, construisant une autre possibilité de monde avec des animaux plus tout à fait : au service, mais dont le travail et la pénibilité est reconnue équivalente à celle des êtres humains — nous rappelant doucement que certain.e d’entre nous paient elle.eux aussi de leur vie cet engagement — dont la présence n’est pas objectivée et dont les récits ne sont pas oubliés.
Eugénie Zély
1. I Will always love you par Dolly Parton, traduite par l’autrice du texte
2. Donna Haraway, Manifeste des espèces de compagnie, chiens, humains et autres partenaires, collection Terra Cognita, Éditions de l’éclat, 2001
Communiqué de presse exposition Outdoor is Indoor
[…] Plus festive, l’oeuvre de Meg Boury présentée dans la grande vitrine nous plonge dans un monde folklorique ou plutôt carnavalesque. La proposition de l’artiste découle de sa pratique de la performance et de ses liens avec la culture populaire mais aussi savante. Ce que le spectateur est amené à voir derrière la vitre est en quelque sorte la relique d’une performance que l’artiste a effectuée auparavant devant quelques personnes. La Laitière, tel est le titre de cette installation et performance qui met en scène une vache dénommée Epatante que l’artiste a confectionnéee en carton, revêtue d’un tissu noir et coiffée de plumes comme une danseuse du Crazy Horse mais chaussée de bottes en caoutchouc. Son veau costumisé comme sa génitrice que l’artiste nomme Sensation vient compléter l’ensemble pour former une famille bovine kitsch à souhait. Le burlesque est revendiqué dans cette performance qui consiste à graisser le pie de la vache, puis lui extraire son lait. La laitière, incarnée par Meg Boury, tout droit sortie du tableau de Vermeer va confectionner son beurre qui, servit sur du pain sera distribué aux spectateurs avec sa comparse Clélia Berthier. De cette scène gustative et de partage, seules la vache, le veau et le costume de la laitière seront visibles dans la vitrine dont le fond est recouvert par de la toile de paillage de couleur verte laissant le spectateur imaginer l’avant ou l’après. Animer l’inanimé serait l’invitation à une suite festive que tout un chacun souhaite dans cette période faisant suite au confinement. L’artiste Meg Boury nous invite à redevenir des enfants comme Mike Kelley avait su le faire en réactivant dans sa performance Horse Dance of the False Virgin2 des photographies d’évènements de kermesses scolaires. Et finalement le tableau grandeur nature fonctionnant comme un diorama n’est-il pas composé pour nous rappeler que le monde réel ne peut être perçu que grâce aux images que nous en donnent les artistes.
Philippe Szechter
2. Mike Kelley, Extracurricular Activity Projective Reconstruction #32 (Horse Dance of the False Virgin), 2004- 2005
