Demeter Andrãs, 1999

Laurent Moriceau

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Laurent Moriceau, Diana Ticleanu, «Demeter Andrãs», 1999
Laurent Moriceau, «Demeter Andrãs», 1999, photographie : droits réservés
Laurent Moriceau, «Demeter Andrãs», 1999, photographie : droits réservés
Laurent Moriceau, «Demeter Andrãs», 1999, photographie : droits réservés
Laurent Moriceau, «Demeter Andrãs», 1999, photographie : droits réservés

Demeter Andrãs, 1999

Timisoara, Roumanie festival de performance East Europe Zone,Timisoara, Roumanie. commissariat Robert Fleck, Ileana Pintilie

Demeter Andrãs est la deuxième appropriation du projet Eva, Eva. Cette étape du travail  a eu lieu à l’occasion du festival de performance East Europe Zone en 1999 à Timisoara en Roumanie.

L’appropriation Demeter Andrãs à pris la forme d’une édition de bouteille de vin dont la quantité est égale au volume de la personne choisie.

Demeter Andrãs, sujet de cette proposition, est à la fois un acteur renommé et le directeur du théâtre hongrois de Timisoara. Diana Ticleanu à travers cette édition, propose au public de consommer admirativement cette personnalité.

Le graphisme de l’édition a été réalisé par Tudor Vreme-Moser

Cette édition a été réalisée dans le cadre du Programme à la carte, Association Française d’Action Artistique (AFAA).

 

Texte de Diana sur sa rencontre avec Demeter Andrãs

J’ai oublie la cassette ? Non, je ne l’ai pas oublié, j’ai le microphone aussi…mais j’ai peu de temps à la disposition. Je dois filmer la rencontre des écrivains, je dois rencontrer Laurent pour les éditions et l’appareil photo… J’espère arriver a temps chez Demeter, ou Andrãs ? !… Je ne sais pas toujours comment l’appeler. Mais il faut que je trouve quelqu’un pour m’accompagner. Si j’y vais toute seule, il pourrait s’imaginer des choses, et je ne veux pas qu’il y ait quelque chose entre nous. Bizzare, j’ai toujours senti une magie rayonnant de lui, mais je ne voudrais pas que cela se matérialise.

Qui pourrait venir avec moi ?! je dois trouver quelqu’un ! Une fille. Mais je ne trouve personne…Ouf !…J’ai oublié Eliza, ma voisine de chambre. Et si elle pouvait m’accompagner? Je frappe: elle est la et elle est d’accord. Super!!! On s’arrange un peu et on s’en va. Nous sommes émues, mais l’inconnu nous fait frémir. Ésperons qu’il ne sera pas fâché parce qu’on est trois.  Il nous ouvre la porte: une lumière faible se devine de sa chambre. « Bonjour, on est arrivées ! » Il est évidemment contrarié que je ne suis pas seule, mais il nous invite poliment à entrer. Il allume une lumière plus forte dans sa grande chambre que j’admire. Il a vraiment du gout…une chambre d’artiste.  Il est un peu agite, il fume… »et vous êtes journaliste ! Mais pouvez-vous m’expliquer encore une fois de quoi il s’agit ? Je vous connais, vous, les journalistes, vous cherchez toujours le scandale ! Et ici c’est mon coin intime, personne n’entre ici. En plus vous avez amenez un témoin aussi! » Il est très mobile pendant qu’il parle, il bouge tout le temps. Il n’est plus comme je le voyais avant, je lui découvre un autre visage un peu méchant que je n’aime pas. Mais je suis préparée, je lui explique encore une fois, je lui montré les autres éditions…il appelle le directeur du Centre Culturel Français pour s’assurer…et je le vois se laisser séduit par l’idée !  » Mais comment est-ce qu’on va faire ? Et elle va nous surveiller tout le temps ? ». « Non, non, Eliza prend seulement quelques photos de nous « . La salle de bain est a coté. La baignoire n’est pas très grande, j’espère qu’il pourra être submergé…

Je laisse l’eau couler et on attend dans l’autre chambre. Je sens mon coeur battre très fort. Pourquoi j’ai peur ?! Je jete un coup d’oeil dans la salle de bain: il y a assez d’eau. « Allons-y ! ». Il a mis son peignoire rose qui ressemble a ses joues. Il est tres beau, cet homme! Le sourire au coin des lèvres, il entre dans la baignoire. Mais l’eau ne suffit pas. Il faut attendre encore… Le son de la tombée acquatique miniaturale me rappelle quelque chose, je ne sais pas exactement quoi, mais c’est très agréable…je suis seule pour quelques instants et j’ai l’impression d’irréaliste. Mais il est de retour et il est réel.

« Ensuite c’est moi qui te mesure, n’est-ce pas?! ». « je ne sais pas, probablement non… ».

« Mais pourquoi? ».

« Maintenant le metteur en scène, c’est moi ! Et l’acteur, c’est toi! ».

« Oui, mais le metteur en scène écoute souvent les idées des acteurs ! ». Je suis un peu embarrassée; j’ai une envie folle de me laisser mesurer par lui. Mais non, ça changerait tout ! Maintenant c’est moi, son maitre ! Maintenant ou jamais !

Il est déja dans l’eau. On se caresse les doigts, je lui caresse les sourcils…Il est comme un grand enfant qui peut t’ensorceler. Je ressens sa magie, son charme, je sais que tout est possible pour nous, mais je ne l’écoute pas. Je reste son maitre! Avec mon rouge a lèvres je fais un signe dans la baignoire, il s’en sort, j’y fais un autre signe…Les bouts des doigts caressent nos lèvres, mais le baiser reste un rêve…

Eliza est dans l’autre chambre nous attendre et on la joint dans la lumière faible. Demeter a des petits yeux, il me regarde comme si entre nous il y aurait eu une entente secrête. Il s’allonge. Est-ce qu’il veut dormir? Il voudrait que je reste…Mais je ne peux pas la laisser rentrer seule. Il est 1h du matin… Le taxi est déjà arrivé. Je le regarde encore une fois, il nous conduit et on s’en va. Une musique douce me caresse l’oreille…est-ce que je rêve encore ?…

Diana