Les festivités de Marie-Pierre, 1999

Laurent Moriceau

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Laurent Moriceau, «Les festivités de Marie-Pierre», 1999, photographie : droits réservés
Laurent Moriceau, «Les festivités de Marie-Pierre», 1999, photographie : droits réservés
Laurent Moriceau, «Les festivités de Marie-Pierre», 1999, photographie : droits réservés
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Laurent Moriceau, «Les festivités de Marie-Pierre», 1999, photographie : droits réservés
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Laurent Moriceau, «Les festivités de Marie-Pierre», 1999, photographie : droits réservés
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Les festivités de Marie-Pierre, 1999

Frac Languedoc-Roussillon Talairan, Corbières commissariat Ami Barak

Annie et Jean-Pierrre Mazard, Laurent Moriceau

Les festivités de Marie-Pierre est l’appropriation d’Eva, Eva par une communauté villageoise.

 

Les festivités de Marie-Pierre

Talairan – Corbières

Le 19 août 1999

Ce mois d’août, l’événement aura lieu sur le mode bachique à Talairan, petit village des Corbières. En effet, le projet Eva, Eva, initié par Laurent Moriceau en 1996 entre dans une nouvelle étape de son processus sans fin d’invitation au partage. Après avoir bu amoureusement et à plusieurs, le volume du corps d’Eva, son aimée, Laurent Moriceau propose à d’autres de développer de désir de cette joyeuse libation. Séduit par l’enjeu, Annie et Jean-Pierre Mazard sont les nouveaux maîtres de la fête, nous conviant à l’absorption métaphorique de l’équivalent du corps de leur fille Marie-Pierre, incarnée en un vin de leur cru conçu comme un véritable portrait. L’action sera aussi simple et sobre que symbolique, désavouant l’incommunicabilité de l’amour par l’extériorité même de son intimité. L’univers symbolique en appelle donc savoureusement à l’autre comme témoin de cet autre irréductible à l’image. Privilégiant la convivialité et la communion charnelle, cette action est proche des rites archaïques d’incorporation, au croisement de la parole, de la représentation et du rêve accessible. L’esprit du désir se manifestera de la sorte pour construire ce corps sensuel d’un instant sacrifié dans une forme collective. Traversées par l’axe amoureux, ces festivités articulent en filigrane les mouvements antagonistes, de la pulsion et de la scansion du temps, du dedans et du dehors, du fantasme et du plaisir, de la violence et de la légèreté. Le dépassement de ces limites substitue ainsi à l’isolement de l’être un sentiment de continuité profonde. Pour une fois, la consommation rassemble pour une communion du cœur. À ce moment précis et sous une forme peu spectaculaire, l’acte esthétique prend en charge l’interdit dans le jeu des échanges. La communauté est dès lors ce qui nous arrive, faisant l’expérience du partage, dans l’inachèvement de son partage.

Céline Mélissent